Le chef de la police d’Ottawa assure qu’il est prêt a accueillir un autre «convoi»

OTTAWA — Les préparatifs pour gérer un éventuel retour du «convoi de la liberté» en février prochain dans la capitale fédérale sont déjà en cours, a assuré le nouveau chef de la police d’Ottawa.

Eric Stubbs, qui a pris ses fonctions le mois dernier, a envoyé lundi une lettre au maire et à la Commission de services policiers d’Ottawa. Le chef Stubbs assure les autorités municipales que l’équipe de liaison du Service de police d’Ottawa discute déjà avec les organisateurs de cette manifestation.

Dans sa lettre, M. Stubbs écrit que «le Service de police d’Ottawa ne permettra pas que se répètent les conditions ayant donné lieu aux manifestations illégales survenues en février 2022».

Le chef Stubbs a fait cette promesse alors que la conseillère du premier ministre Justin Trudeau en matière de sécurité nationale a déclaré à un comité de la Chambre des communes, plus tôt ce mois-ci, que les responsables fédéraux se préparaient eux aussi à une éventuelle manifestation à Ottawa.

James Bauder, cofondateur du groupe «Canada Unity» et l’un des principaux organisateurs du convoi de février dernier, a annoncé sur Facebook en novembre qu’il prévoyait un rassemblement au nom de «l’unité», du 18 au 21 février, avec un départ prévu des manifestants le mercredi 22.

M. Bauder et d’autres principaux organisateurs, comme Tamara Lich, Pat King et Chris Barber, font face à des accusations criminelles pour leur rôle dans la manifestation qui a duré des semaines en février. Les conditions de remise en liberté sous caution de M. Bauder lui interdisent de se rendre au centre-ville d’Ottawa.

On ne l’y reprendra pas

Le chef Stubbs précise que la police d’Ottawa veillera à ce que des précautions soient en place pour empêcher une répétition des événements de l’hiver dernier.

À partir de la fin janvier, des milliers de manifestants et leurs véhicules lourds ont bloqué les rues du centre-ville d’Ottawa, pendant des semaines, afin de s’opposer aux restrictions sanitaires — et de façon plus générale au gouvernement libéral.

Ces perturbations ont poussé certains Ottaviens à fuir leur résidence du centre-ville, envahi jour et nuit par le bruit incessant des klaxons. Des cas de harcèlement de la part des manifestants ont aussi été signalés. De nombreux commerces ont fermé temporairement leurs portes.

Ces manifestations ont entraîné la fermeture de plusieurs rues dans le secteur, y compris une partie de la rue Wellington, devant la colline du Parlement. Cette section de rue a depuis été fermée à la circulation.

Certains commerçants ont exhorté la Ville à rouvrir la rue Wellington, affirmant que cette fermeture avait rendu difficile le déplacement des camions de livraison.  

Le directeur de la Zone d’amélioration commerciale de la rue Sparks, Kevin McHale, estime que la Ville devrait au moins consulter les commerces et les résidents sur les impacts de cette fermeture.

«Les restaurants de la rue ne peuvent pas réellement prendre des engagements avec par exemple les services de livraison, car leurs chauffeurs n’ont nulle part où se garer légalement», a expliqué M. McHale.

La rue Wellington était une importante artère est-ouest du centre-ville d’Ottawa; depuis sa fermeture, d’autres rues avoisinantes sont devenues plus achalandées et absorbent l’essentiel de la circulation.

«Ce qui est ironique, c’est que cette rue (Wellington) a été fermée à cause d’un convoi de camions, et maintenant nous envoyons des camions dans des quartiers où il n’y en avait pas avant», a soulevé M. McHale.

Dans une entrevue à l’émission de radio «Ottawa Morning» de la CBC, mardi matin, le chef Stubbs a déclaré qu’il rencontrait les responsables de la colline du Parlement pour discuter de la manière dont ils collaboreront en matière de sécurité. M. Stubbs a précisé que la police d’Ottawa avait toujours compétence sur la rue Wellington et que si un crime s’y produit, «c’est notre responsabilité».

Un comité de la Chambre des communes a récemment recommandé que la compétence de la rue Wellington soit transférée au Service de protection parlementaire, responsable de la sécurité sur la colline du Parlement.

Dans un rapport supplémentaire, les députés libéraux au sein du comité ont indiqué qu’ils appuieraient un transfert de propriété de la Ville d’Ottawa vers le gouvernement fédéral, de sorte que le secteur situé immédiatement au sud de la colline du Parlement puisse être officiellement ajouté à la «Cité parlementaire».

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Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.