Le Canada envoie des semences en Ukraine pour venir en aide aux agriculteurs

OTTAWA — Le Canada envoie des semences en Ukraine, y compris du sarrasin à croissance rapide, pour aider à faire face à une crise alimentaire causée par l’invasion russe, a annoncé lundi la ministre de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau.

L’Ukraine, comme le Canada, est l’un des plus grands exportateurs de blé au monde et approvisionne de nombreux pays d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient, ainsi que le Programme alimentaire mondial des Nations unies. «Il y a des petits pays pour lesquels la sécurité alimentaire est compromise», a indiqué lundi la ministre Bibeau dans une entrevue téléphonique.

L’Ukraine a demandé au Canada de lui fournir des semences ainsi que du matériel pour certifier le grain transporté par chemins de fer à travers l’Europe. La Russie a bloqué les ports ukrainiens, y compris l’important port d’Odessa, et les silos ukrainiens regorgent de céréales de sa dernière récolte, qu’elle ne peut pas exporter.

Le sarrasin, utilisé dans la fabrication de nouilles soba, croît plus rapidement que le blé, ce qui le rend plus facile à cultiver pour les agriculteurs ukrainiens soumis à d’intenses pressions. 

La ministre Bibeau a aussi annoncé que le Canada expédierait en Ukraine des silos mobiles, qui peuvent être transportés et installés rapidement, et «éventuellement, peut-être, des élévateurs à grains».

«Le but, c’est de pouvoir avoir de l’espace d’entreposage pour la prochaine récolte, parce qu’en ce moment, les silos ont été soit détruits, bombardés, ou dans d’autres cas, il y a encore des grains dans les silos prêts à être exportés, mais le problème c’est vraiment d’avoir accès au transport, a expliqué la ministre.

«On partage un certain nombre d’entrepreneurs qui sont implantés au Canada et en Ukraine, alors ça nous permet de vraiment comprendre leurs besoins et de pouvoir leur apporter une aide technique et financière à ce niveau-là.»

«Les Canadiens veulent aider»

Selon Mme Bibeau, les agriculteurs canadiens «veulent contribuer» pour atténuer la pénurie alimentaire mondiale résultant de l’invasion russe. Elle a déclaré que le gouvernement et les producteurs de céréales du Canada font «tout ce qu’ils peuvent» pour acheminer autant de céréales que possible vers les pays en développement confrontés à la faim.

Les producteurs canadiens de céréales sont bien conscients des pénuries alimentaires mondiales à la suite de l’invasion russe, a-t-elle dit, et ils «font vraiment de leur mieux pour produire davantage».

«Si nous la comparons à l’année dernière, qui a été une très mauvaise année à cause de la sécheresse, nous espérons avoir environ 44 % de production en plus cette année», a déclaré Mme Bibeau.

Katie Ward, présidente du Syndicat national des agriculteurs, a déclaré que les producteurs canadiens étaient pleinement conscients des pénuries mondiales et qu’il existait déjà «une véritable poussée pour cultiver chaque acre qu’ils peuvent cultiver».

Lors d’une conférence de presse, lundi, Mme Bibeau a par ailleurs lancé une consultation sur la façon de remédier aux pénuries de main-d’œuvre dans l’industrie agricole canadienne, y compris sur les fermes familiales.

Elle a déclaré que les familles d’agriculteurs ukrainiens fuyant vers le Canada seraient les bienvenues dans ce secteur agricole, qui présente de nombreuses similitudes avec celui de l’Ukraine.

Le Programme alimentaire mondial prévient depuis des mois que de nombreux pays qui dépendent du blé ukrainien risquaient d’être confrontés à la famine en raison de pénuries.

Plus tôt ce mois-ci, Mykola Solskyi, ministre ukrainien responsable de la politique agraire, a déclaré à un comité de la Chambre des communes que l’armée russe visait délibérément les entrepôts ukrainiens de céréales. Il a également accusé la Russie d’avoir volé du grain ukrainien et de l’avoir exporté en Syrie comme des «céréales russes».

Les forces de Vladimir Poutine ont également placé des mines dans certains champs ukrainiens et ont bombardé des installations de stockage de nourriture. La semaine dernière, dans le port ukrainien de Mykolaïv, une installation de stockage d’huile végétale appartenant à la société canado-néerlandaise Viterra a été touchée par une frappe de missile russe; personne n’a été tué.