L’APN juge les discussions sur la séparation de l’Alberta «d’affront» aux traités

OTTAWA — La cheffe nationale de l’Assemblée des Premières Nations (APN) réclame un examen fédéral des accords de transfert de ressources naturelles, vieux de près d’un siècle, en réponse à l’ouverture de la porte par le gouvernement albertain à un référendum sur la séparation.

La première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, a présenté un projet de loi qui faciliterait la tenue de référendums par les Albertains sur divers sujets, dont la séparation de la province du Canada.

Mme Smith a souligné l’aliénation croissante dans sa province et la frustration envers Ottawa, affirmant que ceux qui souhaitent la séparation «ne sont pas des voix marginales».

La cheffe nationale Cindy Woodhouse Nepinak a réitéré lundi sa condamnation de la décision, affirmant que les Premières Nations s’opposent fermement à toute discussion sur la séparation.

«Toute province ou première ministre intelligente s’adresserait directement aux Premières Nations et collaborerait directement avec elles avant de faire des déclarations et de prendre des décisions irresponsables», a-t-elle soutenu lors d’une conférence de presse virtuelle.

Elle a ajouté que les Premières Nations n’ont jamais été consultées sur les accords de transfert de ressources naturelles avec les provinces des Prairies, qui remontent à 1930, et que toute tentative de l’Alberta de diviser le pays serait «illégitime» et «inconstitutionnelle».

Mme Woodhouse Nepinak a écrit au premier ministre Mark Carney pour demander à son gouvernement de lancer un examen afin de déterminer si les accords de transfert de ressources naturelles sont compatibles avec la Constitution.

Elle rappelle que les Premières Nations n’ont jamais cédé leurs droits inhérents sur les terres et les ressources, et que le séparatisme irait à l’encontre des traités et saperait les fondements du Canada.

Le bureau de Mme Smith n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires lundi.

La première ministre a déclaré vouloir que la province demeure au sein du Canada, mais qu’elle serait prête à soumettre la question aux Albertains dès l’année prochaine si les pétitionnaires recueillaient les 177 000 signatures requises pour déclencher un référendum.

Elle a dit s’attendre à ce que toute question référendaire respecte les droits issus de traités, mais a également refusé de spéculer sur les effets d’une telle campagne.

Par ailleurs, l’Alberta Prosperity Project, qui affirme avoir recueilli le soutien en ligne de quelque 240 000 Albertains en faveur de l’indépendance, a révélé lundi ce qu’il souhaitait précisément voir figurer sur le bulletin de vote.

«Êtes-vous d’accord pour que la province de l’Alberta devienne un pays souverain et cesse d’être une province du Canada?» C’est la question référendaire que souhaite soumettre le groupe.

Interrogée lundi sur la possibilité d’un référendum portant cette question précise, Mme Smith a répondu qu’elle était encore trop spéculative pour être commentée.

«Je sais que plusieurs groupes proposent des échéanciers et des questions différents, et j’attendrai donc de voir lequel recueillera suffisamment de signatures et lancera une campagne de pétition, a-t-elle déclaré. Nous devons attendre que le processus se déroule».

Des sondages récents suggèrent un certain soutien public à la séparation de l’Alberta, mais il demeure loin d’une majorité.

La semaine dernière, Mme Smith s’est retrouvée à se défendre contre les attaques du NPD, principal parti d’opposition, qui l’accuse d’attiser le mouvement séparatiste afin d’éviter de diviser son parti et maintenir son emprise sur le pouvoir.

Mme Smith a déclaré qu’elle ne souhaite pas voir des partis séparatistes équivalents au Bloc québécois ou au Parti québécois prendre pied sur la scène politique albertaine.

Elle a déclaré qu’elle se concentrait sur l’obtention d’un accord plus avantageux pour les Albertains sur divers enjeux, principalement en ce qui concerne le pétrole et le gaz.