L’ambassadeur de Chine a été convoqué à Ottawa pour expliquer la présence d’un ballon

OTTAWA — Le Canada a dit avoir convoqué l’ambassadeur de Chine à Ottawa – sans en dire plus – tandis qu’Ottawa et Washington exprimaient leur désapprobation à propos d’un ballon de surveillance à haute altitude ayant été aperçu survolant les États-Unis.

L’ambassadeur chinois Cong Peiwu a été convoqué jeudi par des responsables d’Affaires mondiales Canada après que le Pentagone a révélé la présence du ballon au-dessus de sites militaires sensibles de l’ouest des États-Unis.

«L’ambassadeur de Chine au Canada a été convoqué par des responsables d’Affaires mondiales Canada, a dit vendredi une porte-parole du ministère, Charlotte MacLeod, dans une déclaration écrite. Nous continuerons à exprimer vigoureusement notre position aux responsables chinois par le biais de multiples canaux.»

Les responsables américains ont également annoncé que le secrétaire d’État Antony Blinken reportait une visite diplomatique de grande importance prévue en fin de semaine en Chine, alors même que l’administration Biden envisageait une réponse plus large à la découverte du ballon.

La découverte a été annoncée jeudi par des responsables du Pentagone, qui ont déclaré que l’un des endroits où le ballon avait été repéré se trouvait au-dessus de l’État du Montana, qui abrite l’un des trois champs de silos de missiles nucléaires américains à la base aérienne de Malmstrom.

Vendredi, le porte-parole du Pentagone, le brigadier général Patrick Ryder a décrit l’objet comme un ballon de surveillance manœuvrable volant à une altitude d’environ 60 000 pieds, ou 18 288 mètres, avec une «charge utile» ou un panier en dessous.

M. Ryder n’a pas fourni d’autres détails, y compris la taille du ballon, les hypothèses de l’armée américaine sur ce qu’il faisait là ou comment il a fini par planer au-dessus du Montana. Cependant, il a minimisé toute menace lorsqu’on lui a demandé pourquoi le ballon n’avait pas été abattu.

«En ce qui concerne les discussions sur l’opportunité d’abattre ou non ce ballon, c’était une option, a-t-il déclaré. Parce que nous évaluons qu’actuellement cela ne pose pas de risque physique ou militaire pour les personnes sur le terrain, pour l’instant nous continuons à surveiller et à examiner les options.»

Lors d’une conférence de presse à Toronto, la vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland, a déclaré que les mouvements du ballon étaient activement suivis.

Elle a déclaré que le Norad (Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord), les Forces armées canadiennes, le ministère de la Défense nationale et d’autres partenaires «évaluaient la situation et travaillaient en étroite coordination», ajoutant que les agences de renseignement canadiennes travaillaient avec des partenaires américains.

«Nous continuons de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger le Canada contre les menaces du renseignement étranger», a déclaré Mme Freeland.

«Nous prenons cela très au sérieux.»

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a déclaré vendredi sur Twitter qu’elle s’était entretenue avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken au sujet de la sécurité de l’espace aérien canadien.

«Nous collaborons avec nos partenaires américains et continuons à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les informations de nature délicate du Canada», a-t-elle déclaré.

Ni Mme Freeland ni le ministère de la Défense n’ont dit si le ballon de surveillance a survolé l’espace aérien canadien. Le bureau de la ministre de la Défense Anita Anand a refusé de commenter la situation.

Un deuxième ballon

Ajoutant à la confusion, le ministère canadien de la Défense a déclaré qu’il «surveillait un deuxième incident potentiel».

Plus tard vendredi, le Pentagone a réagi aux informations faisant état d’un deuxième ballon volant au-dessus de l’Amérique latine. «Nous pouvons maintenant dire qu’il s’agit d’un autre ballon de surveillance chinois», a déclaré le général de brigade Pat Ryder, attaché de presse du Pentagone, dans un communiqué, sans préciser l’endroit où il a été repéré.

La Chine, qui dénonce avec colère les tentatives de surveillance des États-Unis et d’autres acteurs dans des zones qu’elle considère comme son territoire, a offert une réaction généralement discrète à l’annonce du Pentagone.

Dans une déclaration relativement conciliante, le ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré que le ballon était un dirigeable civil utilisé principalement pour la recherche météorologique. Le ministère a déclaré que le dirigeable a des capacités «d’auto-direction» limitées et «a dévié loin de sa trajectoire prévue» à cause des vents.

«La partie chinoise regrette l’entrée involontaire du dirigeable dans l’espace aérien américain en raison d’un cas de force majeure», indique le communiqué, citant un terme juridique utilisé pour désigner des événements indépendants de sa volonté.

Guy Saint-Jacques, qui a été ambassadeur du Canada en Chine de 2012 à 2016, était sceptique quant à l’explication du gouvernement chinois. Si cela était vrai, a-t-il dit, Pékin aurait informé Ottawa et Washington de ce qui se passait.

L’apparition du ballon a représenté un moment embarrassant pour le gouvernement chinois et le président Xi Jinping, a-t-il déclaré.

Le dirigeant chinois avait signalé son intérêt à apaiser les tensions entre la Chine et les États-Unis à la fin de l’année dernière dans un contexte de problèmes et de défis économiques croissants chez lui, a souligné M. Saint-Jacques.

«Il comptait sur la visite de M. Blinken pour rétablir une sorte de dialogue», a-t-il dit.

L’apparition du ballon affaiblit également l’opposition de longue date du gouvernement communiste chinois aux incursions dans ce qu’il considère comme son territoire, y compris dans des régions contestées telles que la mer de Chine méridionale.