La tempête Fiona s’est invitée dans la campagne électorale québécoise

MONTRÉAL — La tempête Fiona, qui a frappé une partie de la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine, s’est invitée samedi dans la campagne électorale québécoise.

Après avoir revêtu ses habits de premier ministre, le temps d’annoncer que le gouvernement québécois dédommagera les sinistrés de Fiona, le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, est allé rencontrer le maire de Québec, Bruno Marchand, avec qui il a croisé le fer dans le passé.

M. Legault a reconnu que la tempête était vraisemblablement attribuable aux changements climatiques.

S’il n’avait pas l’intention de consacrer plus de fonds à l’adaptation climatique, le chef caquiste a dû corriger le tir en ouvrant la porte à un nouvel investissement, mais seulement une fois que tous les fonds seront épuisés.

«On pense que les fonds sont suffisants», a-t-il plaidé.

Si et seulement si les municipalités épuisent ces enveloppes dédiées, alors un éventuel gouvernement caquiste dans un deuxième mandat serait prêt à entamer des discussions avec les élus municipaux.

«Une fois qu’on aura utilisé ces fonds, s’il y a des fonds qui sont nécessaires, on sera ouvert à discuter avec les municipalités.»

M. Legault a toutefois annulé un rassemblement militant qui devait se dérouler dans la circonscription de Terrebonne, déjà sans doute acquise à la CAQ.

Québec solidaire avait annoncé vendredi que le coporte-parole Gabriel Nadeau-Dubois renonçait lui aussi à sa conférence de presse quotidienne. Il a lui aussi finalement fait un point de presse en milieu d’après-midi.

M. Nadeau-Dubois n’a pas tardé à faire le lien entre les changements climatiques et le passage de la tempête Fiona.

Selon lui, la tempête est un rappel que l’une des «priorités nationales» des prochaines années doit être l’adaptation aux changements climatiques

«Là, c’est un rappel brutal, un réveil pas facile. Réaliser des catastrophes comme celles-là, il va en avoir de plus en plus dans le contexte des changements climatiques», a-t-il soutenu.

Il a ajouté que de plus en plus d’investissements sont nécessaires pour accompagner les régions face aux événements météo extrêmes qui deviendront récurrents.

Du mieux pour St-Pierre Plamondon

Souffrant des symptômes grippaux qui l’avaient contrait la veille à suspendre sa campagne, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a joué de prudence. Il n’a pas voulu établir un lien direct entre les politiques environnementales de la CAQ et un seul événement comme l’ouragan Fiona, mais la situation démontre cependant les impacts des changements climatiques, a-t-il souligné.

«C’est pour ça qu’on dit que s’occuper des changements climatiques aujourd’hui, c’est moins cher, même si c’est cher sur le coup. C’est beaucoup moins cher que de ne rien faire et de pallier à tous les problèmes qui vont découler dans vingt ou trente ans. Ça a déjà lieu.»

Pour une rare fois depuis le début de la campagne, le chef péquiste s’est retrouvé sur la défensive lorsqu’il a dû admettre qu’il ne présentera pas un «budget de l’an un», contrairement à la promesse formulée il y a deux semaines.

Le contexte inflationniste force la formation à revoir ses chiffres, a expliqué M. St-Pierre Plamondon.

«Si on est plusieurs milliards de dollars à côté de la réalité parce qu’on n’a pas pris en compte les changements récents dans les finances du gouvernement du Canada et du Québec, bien, notre exercice qui est pourtant rigoureux va perdre en crédibilité. C’est pour ça qu’on veut s’assurer de faire cet ajustement-là.»

La cheffe libérale Dominique Anglade a reproché à M. Legault de ne pas vraiment croire «à la nécessité de s’adapter aux changements climatiques», 

«Il y a un coût énorme à l’inertie», a-t-elle dénoncé en mêlée de presse à Lachute. 

Si elle devient première ministre, elle dit qu’elle négociera avec les municipalités pour revoir le pacte fiscal et convenir des travaux d’infrastructures à réaliser en adaptation aux changements climatiques, ça me paraît essentiel.»

Le coût du Pacte vert proposé par les municipalités «ne me paraît pas disproportionné, mais ça prend des négociations avec les villes», a-t-elle ajouté.

Le vote stratégique

Le chef conservateur Éric Duhaime a reporté un premier point de presse sur ce que le parti qualifiait de «promesses bleu poudre». Toutefois, il s’est quand même présenté devant les médias pour parler cette fois-ci de la tempête Fiona et du vote stratégique dans sa circonscription de Chauveau, à Québec, qu’il compte ravir à la CAQ.

«Je veux parler aux électeurs de Chauveau pour leur demander d’appuyer le Parti conservateur du Québec en tant que démocrates», a lancé M. Duhaime lors d’un point de presse.

«C’est important qu’on soit représenté à l’Assemblée nationale et on veut éviter à tout prix qu’il y ait cette distorsion électorale du siècle. Je pense que la voix conservatrice doit être entendue. Ce n’est pas vrai qu’on va taire une voix sur cinq au Québec.»