La férocité des ouragans dépendra de l’équilibre entre El Niño et le réchauffement

HALIFAX — Le Centre canadien de prévision des ouragans s’attend à une saison «près de la normale» au large de la côte est, alors que la gravité et la fréquence des tempêtes tropicales cette année seront déterminées par des facteurs climatologiques concurrents.

Le météorologue Bob Robichaud a expliqué jeudi qu’il faudra surtout voir comment se comportera cette année «El Niño», caractérisé par des températures de l’eau supérieures à la moyenne au-dessus de l’océan Pacifique. Ce phénomène climatique a habituellement un effet calmant sur les eaux de l’Atlantique.

Le météorologue Robichaud rappelle que pendant les «années El Niño», les vents de haute altitude qui soufflent vers l’océan Atlantique réduisent le nombre de tempêtes dans les eaux au large des côtes est du Canada.

Les eaux plus chaudes d’El Niño font monter encore plus haut dans l’atmosphère l’air plus chaud au-dessus du Pacifique, ce qui crée des vents forts en altitude qui peuvent décapiter des tempêtes aussi loin que dans l’Atlantique Nord. Ce phénomène est appelé «cisaillement du vent».

D’autre part, l’Atlantique Est est déjà plus chaud que d’habitude cette année, les météorologues notant des augmentations de température de 1 à 2°C au-dessus de la moyenne des 30 dernières années. «Nous nous attendons à ce qu’il se réchauffe davantage au cours des prochains mois», a déclaré M. Robichaud.

Il a déclaré que la plupart des recherches indiquent que les eaux plus chaudes de l’Atlantique rendent les tempêtes plus fortes et mieux outillées pour résister au cisaillement du vent d’El Niño.

Mais les météorologues auront une meilleure idée au plus fort de la saison des ouragans — en août, septembre et octobre — lequel des deux facteurs prévaudra: El Niño ou le réchauffement de l’Atlantique. «Nous avons deux facteurs concurrents qui détermineront le niveau d’activité dans l’océan Atlantique cette année», a expliqué M. Robichaud en conférence de presse. 

12 à 17 «tempêtes nommées»

Plus tôt jeudi, l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique a également prédit une «saison moyenne», avec 12 à 17 «tempêtes nommées», cinq à neuf ouragans et un à quatre ouragans majeurs, qui généreraient des vents supérieurs à 177 km/h.

M. Robichaud affirme que le nombre anticipé par l’agence américaine est conforme aux moyennes historiques de 14 «tempêtes nommées», sept ouragans et trois tempêtes majeures au cours de la saison, du 1er juin au 30 novembre dans l’Atlantique.

Il a déclaré que les prévisions de cette année sont «très larges», en raison des facteurs météorologiques concurrents sur le point de se dérouler au cours de l’été et du début de l’automne.

«La prévision est vraiment pour une saison, en termes de nombre de tempêtes nommées, ce qui est proche de la moyenne pour une saison typique des ouragans», a-t-il dit. 

Mais il ajoute qu’il suffit d’une seule tempête pour faire des ravages importants. Il rappelle que l’ouragan Fiona, devenu tempête post-tropicale, a fait trois morts, détruit des maisons et privé d’électricité plus de 600 000 foyers et entreprises, en septembre 2022, lorsqu’il a touché terre dans la région de l’Atlantique.

Fiona est devenu le septième événement météorologique extrême le plus coûteux de l’histoire du Canada — et le plus coûteux au Canada atlantique. Le Bureau d’assurance du Canada a estimé qu’il a causé plus de 800 millions $ en dommages assurés.

Fiona est restée une puissante tempête en partie à cause d’un creux de basse pression qui se déplaçait dans le Canada atlantique juste au moment où il est arrivé à terre, provoquant une réintensification de la tempête.