La Commission de la capitale nationale à Ottawa déboulonnera John A. Macdonald

OTTAWA — Une importante artère d’Ottawa qui porte actuellement le nom de John A. Macdonald devrait être rebaptisée cette année d’un nouveau nom, autochtone, a annoncé jeudi la Commission de la capitale nationale (CCN).

Le conseil d’administration de la CCN a approuvé à l’unanimité la recommandation de changer le nom de la «promenade Sir-John-A.-Macdonald», un large boulevard panoramique qui longe la rivière des Outaouais, à l’ouest de la rue Wellington.

Cette promenade porte depuis une dizaine d’années le nom du tout premier premier ministre de l’histoire du Canada, un conservateur aujourd’hui controversé. Ce grand boulevard, appelé auparavant «promenade de la rivière des Outaouais», a été renommé en l’honneur de Macdonald en 2012, sous le gouvernement du premier ministre conservateur Stephen Harper. 

À l’époque, la CCN avait indiqué qu’il en coûtait 60 000 $ pour changer les quatre principaux panneaux le long du boulevard.

La CCN, une société d’État fédérale, a indiqué jeudi qu’elle discuterait maintenant avec les communautés autochtones et les citoyens pour trouver un nouveau nom et pour encourager le partage de son histoire. La Commission indique qu’elle proposera ce nouveau nom, autochtone, d’ici juin 2023.

Le nouveau nom de la promenade sera affiché officiellement lors d’une cérémonie et d’un événement public le 30 septembre, Journée nationale pour la vérité et la réconciliation au Canada.

Le maire d’Ottawa, Mark Sutcliffe, a aussitôt indiqué qu’il «soutenait pleinement cette décision» de la Commission. «Je pense que c’est quelque chose dont les Canadiens et les résidents d’Ottawa peuvent être fiers une fois ce processus terminé», a déclaré le maire.

Initiative de conseillers municipaux

Trois conseillers municipaux d’Ottawa avaient écrit une lettre au premier ministre, à l’été 2021, pour exhorter le gouvernement fédéral à faciliter un processus de consultation, dirigé par les Autochtones, afin de renommer cette promenade.

Les conseillers municipaux ont rédigé leur lettre alors qu’un radar pénétrant venait de localiser quelque 200 présumées tombes non marquées près d’un ancien pensionnat fédéral pour Autochtones à Kamloops, en Colombie-Britannique. Les conseillers estimaient alors qu’il était «grandement temps» pour le Canada de s’engager dans des gestes concrets de réconciliation.

C’est le premier ministre conservateur John A. Macdonald qui avait approuvé la création du système des pensionnats au Canada alors qu’il était au pouvoir, dans les années 1880. 

On estime que plus de 150 000 enfants des Premières Nations, métis et inuits ont été forcés de fréquenter ces institutions financées par le gouvernement fédéral et administrées par des congrégations catholiques. Un grand nombre de ces enfants ont été maltraités et certains sont morts. Le dernier de ces pensionnats a fermé ses portes en 1996.

En avril dernier, la CCN a indiqué dans un communiqué qu’elle avait fourni à son conseil d’administration une politique actualisée en matière de toponymie, afin de rendre «plus transparent le processus décisionnel».

La CCN a alors formé un comité consultatif sur la toponymie, composé de personnel de la CCN, de partenaires de la Première Nation Kitigan Zibi Anishinabeg et des Algonquins de la Première Nation Pikwakanagan, ainsi que des spécialistes en histoire locale et nationale.

La commission indiquait alors que le premier point à l’étude de ce comité serait l’examen d’une demande de changement de désignation pour la promenade Sir-John-A.-Macdonald.

John A. Macdonald a été premier ministre du Canada de la naissance de la fédération, en 1867, jusqu’à 1873, puis à nouveau de 1878 jusqu’à sa mort en 1891.

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Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière des Bourses de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.