Ingérence étrangère: des enquêtes sont en cours, indique la commissaire de la GRC

OTTAWA — La commissaire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Brenda Lucki, confirme que des enquêtes sont en cours sur des «activités d’ingérence par des acteurs étrangers» auprès d’un comité qui tente d’éclaircir quels efforts auraient fait la Chine pour influer sur les élections générales de 2019.

Dans une lettre datée de lundi envoyée au greffier du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre des communes,Mme Lucki soutient que l’information relative aux investigations entamées ne peut être divulguée en vertu de deux articles de la Loi sur l’accès à l’information.

«Les enquêtes sur l’ingérence d’acteurs étrangers comptent parmi les enquêtes de sécurité nationale les plus délicates que la GRC mène en ce moment, et elle doit faire tout son possible pour en protéger l’intégrité», peut-on lire dans la missive d’abord mise au jour par le «Globe and Mail».

Le réseau Global a rapporté en citant des sources anonymes, plus tôt ce mois-ci, que le premier ministre a été averti en janvier d’un vaste effort allégué d’ingérence chinoise dans la campagne électorale de 2019, notamment par des fonds qui auraient été touchés par au moins 11 candidats.

«Dans le contexte des élections fédérales de 2019, la GRC n’a pas mené d’enquêtes criminelles sur des activités ciblant ces élections étant donné que rien ne justifiait de telles enquêtes à l’époque, précise la commissaire Lucki dans sa lettre. Cela dit, la GRC peut confirmer qu’elle mène présentement des enquêtes sur des activités d’ingérence par des acteurs étrangers.»

Cette communication fait suite à l’adoption d’une motion pour prolonger une étude déjà amorcée, en comité parlementaire, sur l’ingérence étrangère afin d’enquêter sur les allégations dont Global a fait état.

Interpellé sur le travail de la GRC, le premier ministre Justin Trudeau n’a formulé qu’un très bref commentaire. «On s’attend à ce que nos agences de sécurité, nos services de renseignement (et) nos services policiers fassent leur job pour assurer que les Canadiens soient en sécurité», a-t-il dit avant de se rendre à une réunion de son conseil des ministres.

La commissaire de la GRC a conclu sa missive en affirmant que «la GRC prend les menaces de cette nature très au sérieux et continuera d’utiliser tous les moyens à sa disposition (…) pour lutter contre l’ingérence par des acteurs étrangers».

Les conservateurs et bloquistes ont continué de talonner M. Trudeau, durant la période des questions de mardi, sur le dossier des allégations concernant Pékin.

Le chef de l’opposition officielle, Pierre Poilievre, a reproché au premier ministre de contourner le cœur de ses questions à ce sujet. M. Trudeau a répété que des experts ont confirmé que l’intégrité des élections n’a pas été compromise et qu’il n’a jamais reçu d’information voulant que quelconque candidat ait touché des fonds en provenance de la Chine.

«Évidemment, l’argent ne voyage pas sur un gros bateau de l’autre côté du Pacifique pour aller sur la rive et être acheminé à un candidat, a lancé M. Poilievre. C’est évidemment le déni d’une absurdité. La question est si oui ou non le premier ministre a reçu de l’information (…) sur quelconque ingérence de toute sorte par Pékin dans nos élections.»

Le leader bloquiste Yves-François Blanchet a pour sa part demandé à M. Trudeau d’indiquer quels candidats pourraient avoir été visés par des tactiques d’ingérence de la Chine. «La patronne de la GRC dit qu’ils n’avaient pas à enquêter, mais que maintenant ils enquêtent. (…) Est-ce que, pour protéger la démocratie et la confiance dans les institutions, le premier ministre ne devrait pas révéler de quelles circonscriptions il s’agit?»

M. Trudeau a alors rétorqué qu’il n’avait eu vent d’aucun fonds perçu par des candidats électoraux, «directement ou indirectement».

Questionné en point de presse sur le contenu de la lettre de la commissaire Lucki, le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a répondu que «toute forme d’ingérence dans notre démocratie au Canada» doit être prise «très au sérieux».

Note aux lecteurs: Ceci est une version corrigée. Une version précédente de ce texte indiquait que le lettre était adressée aux élus du Comité spécial sur la relation entre le Canada et la République populaire de Chine. Elle est en fait adressée au greffier du Comité permanent de la procédure et des affaires.