Incendie dans le Vieux-Montréal: deux autres corps extirpés des décombres

MONTRÉAL — Deux autres corps ont été extirpés mercredi soir des décombres du bâtiment patrimonial ravagé par les flammes sur la place D’Youville il y a une semaine dans le Vieux-Montréal.

«Nous vous confirmons qu’en fin de soirée, nous sommes parvenus à localiser une troisième ainsi qu’une quatrième victime dans les décombres et à les extirper de l’immeuble par les membres du groupe de Sauvetage technique du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) qui poursuivaient leurs recherches en nacelle à l’intérieur du bâtiment», a raconté l’agent Julien Lévesque, porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

«Les corps de ces victimes ont été confiés au pathologiste du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale afin que leurs experts procèdent au travail d’identification», a-t-il précisé.

Plus tôt dans la journée, une première victime a été identifiée. Il s’agit de Camille Maheux, âgée de 76 ans, dont le corps avait été retrouvé dimanche dernier.

C’est ce qu’a indiqué le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), dans une mise à jour de la situation, mercredi après-midi.

«Son identification a été rendue possible grâce à l’expertise du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale», a expliqué l’inspecteur David Shane, qui a exprimé ses condoléances au nom du SPVM et du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM).

Il n’a néanmoins pas précisé ce qui a permis d’identifier Mme Maheux, mais il a rappelé que deux facteurs sont nécessaires pour l’identification, dont un scientifique, comme l’ADN.

Un autre corps avait été extirpé des décombres mardi, en fin d’après-midi. Au moins trois autres personnes manquent toujours à l’appel.

Les équipes de pompiers et de policiers doivent adapter leurs méthodes de recherche à l’état de la structure.

Si elles avaient initialement prévu de démanteler l’immeuble «brique par brique» en début de semaine, les autorités ont choisi de mettre cette option sur pause afin de se concentrer sur une recherche «plus méthodique» avec une grue, une caméra spécialisée et un drone, entre autres.

En mêlée de presse, mercredi matin, le chef de division Martin Guilbault, du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM), a expliqué qu’en utilisant une grue, les équipes peuvent retirer certains morceaux des ruines de l’immeuble.

C’est d’ailleurs grâce à cette technique que le deuxième corps avait pu être extirpé des décombres.

«On prend les morceaux, pièce par pièce, on les place dans la nacelle (de la grue) et on les dépose au sol. C’est un travail qui est long, mais nous sommes méticuleux et nous continuons d’avancer», a souligné M. Guilbault.

Puisque quatre corps ont maintenant été extirpés, trois autres personnes sont toujours portées disparues. L’inspecteur David Shane, du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), n’a toutefois pas exclu l’hypothèse que plus de victimes se trouvent dans les décombres.

M. Shane a aussi mentionné qu’il peut s’écouler «quelques heures» entre le moment où un corps est localisé et le moment où il peut être sorti des décombres.

«Quand elles repèrent un corps, les équipes mettent en place un plan d’intervention pour s’en approcher, parce que parfois elles doivent déplacer des morceaux, parfois elles doivent couper des débris avec des scies, pour ensuite trouver le moyen de procéder à l’extraction», a-t-il détaillé.

Selon M. Guilbault, le chef de division du SIM, les équipes ont pu descendre jusqu’au troisième étage de l’immeuble, mardi, se concentrant sur les endroits où il est le plus sécuritaire de travailler. Il n’a toutefois pas pu estimer le pourcentage de l’immeuble qui a été exploré jusqu’à présent, puisque l’opération se fait plutôt «section par section».

L’objectif prévu mercredi matin de retirer les deux cheminées toujours debout «pour éviter qu’elles s’effondrent sur les intervenants durant les recherches», selon M. Guilbault, a finalement été repoussé au lendemain, a précisé M. Shane en après-midi.

Au bout du compte, les autorités sont convaincues qu’elles auront accès à l’entièreté de l’immeuble, mais cela pourrait prendre encore plusieurs jours.

«On s’attend à tout sur cette scène, a précisé en après-midi l’inspecteur Shane. Les premières recherches se sont concentrées dans des endroits plus facilement accessibles, mais au fur et à mesure qu’on va progresser dans la scène d’incendie, on va devoir utiliser de plus en plus d’outils pour atteindre les étages inférieurs.»

Longue attente pour les familles

Comme ils l’avaient fait la veille, les enquêteurs du SPVM ont identifié une nouvelle section de l’immeuble où pourraient se trouver des victimes. Cette dernière devait être explorée mercredi.

L’inspecteur Shane n’a toutefois pas voulu s’avancer sur l’emplacement exact de cette section, afin d’éviter que des familles puissent déduire de l’identité des victimes avant de recevoir une confirmation officielle de leur décès.

Le SPVM est bien conscient que l’attente est longue pour les familles, qui souhaitent obtenir une confirmation pour amorcer leur deuil, mais l’inspecteur Shane a rappelé que le Bureau du coroner doit d’abord procéder à l’identification formelle des victimes — un processus complexe étant donné que plusieurs personnes ont péri dans l’incident.

«Toutes les familles des personnes portées disparues et des victimes qu’on a retrouvées ont été contactées personnellement par les enquêteurs du SPVM et les enquêteurs maintiennent un contact constant avec les familles», a-t-il tout de même noté.

L’enquête policière se poursuit pour identifier la cause de cet incendie, qui a ravagé l’immeuble situé à l’intersection de la rue du Port et de la Place d’Youville jeudi dernier. Aucun détail n’a été révélé à ce sujet mercredi, les forces policières préférant ne pas trop s’avancer en respect pour les familles des victimes.