Hausse des incidents violents dans les écoles: Drainville prépare une stratégie

QUÉBEC — Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, prépare une stratégie pour lutter contre la violence dans les écoles.

Il en a fait l’annonce vendredi, lors d’une interpellation au Salon bleu, après que la députée libérale Marwah Rizqy eut signalé une hause des incidents violents partout au Québec.  

L’élue de Saint-Laurent a expliqué avoir fait des demandes d’accès à l’information et obtenu des données notamment sur la saisie d’armes, comme des fusils, aux abords des écoles.

À Laval, les policiers ont saisi 14 armes en 2021-2022, comparativement à six en 2018-2019. À Repentigny, on est passé de zéro à 14 armes saisies en deux ans, a-t-elle illustré.

«Il n’y a aucun enfant qui va apprendre la peur au ventre, puis il n’y a aucun membre du personnel (…) qui va avoir le goût de rester si on n’envoie pas un message clair qu’on prend la situation au sérieux», a déclaré Mme Rizqy.

M. Drainville a reconnu que les écoles du Québec connaissaient des «défis de plus en plus pressants», se disant «extrêmement inquiet» face à cette violence, qui pourrait être le résultat de la pandémie, selon lui. 

«Nous sommes en train de préparer une stratégie pour lutter contre la violence, a-t-il affirmé. J’ai demandé à mes équipes de me revenir le plus rapidement possible avec cette stratégie.»

Le ministre a précisé que plusieurs «moyens sont déjà en place». Par exemple, des policiers sont présents dans certaines écoles. «S’il faut rajouter (des moyens), nous en rajouterons», a-t-il déclaré.

Il a rejeté la demande de Mme Rizqy d’étudier le phénomène en commission parlementaire et consulter les partis d’opposition avant le dépôt de la stratégie.

Agressions sexuelles: une ligne téléphonique créée

Par ailleurs, M. Drainville a annoncé la création d’une ligne téléphonique pour les signalements et dénonciations d’agressions sexuelles. Une adresse courriel existe déjà: il s’agit de signalements@éducation.gouv.qc.ca.

La ligne téléphonique sera activée dans les prochains jours, a indiqué le ministre, sans donner plus de détails.

Mardi dernier, M. Drainville a déclenché une enquête «de portée générale» à la suite de multiples dénonciations et d’allégations d’inconduites de nature sexuelle dans le réseau scolaire.

Il était notamment interpellé par la députée de Québec solidaire Ruba Ghazal à propos d’agressions sexuelles dont auraient été victimes des élèves d’une école secondaire de Cowansville, en Estrie.

Vendredi, Mme Rizqy a demandé au ministre d’adjoindre à l’enquête de son ministère une firme indépendante, afin de dissiper toute apparence de conflit d’intérêts.

Vétusté: Rizqy reçoit des photos

Mme Rizqy a également soulevé la question de la vétusté des écoles. Elle affirme avoir déjà reçu plusieurs photos d’écoles délabrées, deux jours après avoir lancé un appel à tous sur les réseaux sociaux.

La députée a pris l’initiative de demander ces photos mercredi dernier, alors que le premier ministre François Legault déclarait douter du portrait sur la vétusté des écoles.

La proportion des bâtiments en mauvais ou très mauvais état dans le réseau de l’éducation est passée de 59 % à 61 % en un an, selon les documents budgétaires présentés mardi.

Interrogé sur le sujet, M. Legault a dit douter que toutes ces écoles soient vétustes. Il soupçonne les centres de services scolaires de gonfler les besoins pour avoir plus d’argent.

Le premier ministre a annoncé du même souffle avoir mandaté son ministre responsable des Infrastructures, Jonatan Julien, pour qu’il revoie le processus d’évaluation de la vétusté des écoles.

En point de presse à l’Assemblée nationale vendredi matin, Mme Rizqy a exhibé plusieurs photos qui prouvent, selon elle, que la situation se dégrade dans les écoles du Québec.

Elle a notamment montré des photos de planchers troués et de piles d’excréments de souris.

La députée a déclaré se souvenir qu’à l’époque où il était animateur de radio, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, «ne doutait pas de la vétusté des écoles».

Aujourd’hui, celui-ci répond qu’il reconnaît «bien sûr» le problème: le gouvernement prévoit 22 milliards $ sur 10 ans pour la rénovation, l’agrandissement, la reconstruction et la construction d’écoles.

Cependant, si l’on excluait les problèmes d’asphaltage et de câblage informatique, 400 écoles passeraient de la cote E ou D (très mauvais état) à la cote C, B ou même A (satisfaisant), selon lui.

Il a dit se questionner sur la «méthodologie» utilisée pour classer les écoles.