Grève du SPUL: «Un autre rendez-vous manqué», selon la rectrice de l’Université Laval

«Je veux juste dire, simplement, qu’un deuxième rendez-vous a été manqué», a déclaré vendredi matin la rectrice de l’Université Laval, Sophie d’Amours, à propos des négociations avec le syndicat des professeures et des professeurs de l’Université Laval (SPUL).

Lors d’une conférence de presse tenue à Québec, la rectrice a déploré que le SPUL ait rejeté l’hypothèse de règlement du conciliateur seulement quatre heures après son dépôt. Après plus de trois semaines de grève, les deux parties demeurent dans une impasse, ce qui risque de prolonger la session d’hiver en cours.

«Je rappelle qu’on gère des fonds publics et qu’il faut faire des compromis. Le président du SPUL ne peut pas dire que le SPUL veut négocier tout en diffusant sur les médias sociaux des messages où il répète, « ce n’est pas négociable »», a-t-elle indiqué.

Mme d’Amours a souligné les impacts «importants» et «réels» de la grève sur l’ensemble de la communauté académique et a rappelé la «responsabilité commune» des deux parties envers les quelque 23 000 étudiants affectés par les événements, «dont 6700 sont à risque de voir leur diplomation retardée».

«Ils restent trois enjeux à résoudre: les salaires, le plancher d’emploi et un aspect spécifique à la liberté universitaire, celui de la détermination de la modalité d’enseignement utilisée dans un cours», a précisé la rectrice, ajoutant qu’un règlement était «atteignable» si tout le monde se montrait prêt à collaborer.

Des éléments «pas acceptables»

Dans une vidéo diffusée jeudi soir sur la chaîne YouTube du syndicat, le président du SPUL, Louis-Philippe Lampron, a indiqué que certaines propositions de l’hypothèse de règlement n’étaient «pas acceptables», d’autant plus qu’il n’y avait «rien pour régler le problème de liberté académique».

«Des éléments ont été jugés intéressants et suffisants pour construire une base de discussion pour relancer les négociations, a reconnu le professeur titulaire à la Faculté de droit. (…) On a fait une contre-proposition à l’employeur; malheureusement, on n’a pas eu de retour, et c’est là qu’on en est restés.»

Notons que le SPUL revendique l’embauche de 100 nouveaux professeurs pour alléger la tâche de travail croissante du corps enseignant, une demande «tout à fait raisonnable et réaliste», selon M. Lampron.

La protection de la liberté académique en laissant le choix des modalités d’enseignement aux professeurs et un «rattrapage salarial» par rapport aux universités comparables sont aussi au cœur des revendications syndicales.

«Le SPUL laisse croire qu’on a la capacité de payer, car selon eux, on a accumulé des sommes de près de 260 millions $ au cours des dernières années. Il s’agit d’une mauvaise interprétation des états financiers de l’université», a soutenu André Darveau, vice-recteur exécutif et vice-recteur aux ressources humaines et aux finances, lors de la conférence de presse.

«Ce montant-là, on ne l’a pas dans notre bas de laine», a-t-il précisé, ajoutant que ces sommes étaient généralement utilisées pour soutenir les activités d’enseignement et de recherches ainsi que pour assurer le développement de l’université.

Après 36 rencontres, dont 28 avec le conciliateur, le patronat et le syndicat n’ont toujours pas trouvé de terrain d’entente.

«On veut finir la session, pas l’annuler. On va sans doute devoir déborder des délais normaux, donc au-delà du 30 avril, mais on va faire le maximum pour offrir des modalités qui vont être flexibles et qui vont permettre aux étudiants de concilier leurs engagements et la continuité de leurs études», a assuré Cathia Bergeron, vice-rectrice aux études et aux affaires étudiantes.

Samedi dernier, l’impasse entre les comités de négociation avait poussé le conciliateur nommé par le ministère du Travail à suspendre les pourparlers jusqu’à vendredi.

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.