Fonderie Horne: Québec accompagnera les citoyens relocalisés à «chaque étape»

ROUYN-NORANDA — Le gouvernement du Québec et la Ville de Rouyn-Noranda promettent d’accompagner les citoyens qui seront relocalisés en raison des émissions d’arsenic de la Fonderie Horne dans «chacune des étapes» et que l’opération se fera graduellement.

Québec déboursera 88,3 millions $ pour soutenir la Ville qui doit relocaliser près de 200 familles qui vivent dans le secteur Notre-Dame.

L’entreprise Glencore, propriétaire de la fonderie, fera l’acquisition, à ses frais et de gré à gré, des bâtiments et des terrains dans la zone.

«Une opération de quelques dizaines de millions de dollars», a estimé la représentante de l’entreprise Marie-Élise Viger.

La multinationale déterminera le prix des bâtiments, mais les propriétaires seront «accompagnés» et «conseillés» par un comité composé de membres du gouvernement du Québec et de la Ville de Rouyn-Noranda.

Glencore démolira 82 immeubles, devra décontaminer les sols du quartier et ensuite verdir le secteur pour qu’il devienne «une zone tampon».

Les citoyens « pourront habiter leur demeure jusqu’à ce que leur nouvelle habitation soit prête», a indiqué la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, lors d’une conférence de presse.

À l’Assemblée nationale jeudi matin, le ministre délégué à l’Économie, Christopher Skeete, a indiqué que «personne ne va être obligé de quitter sa maison si ce n’est pas son choix». 

Création de nouvelles habitations

La somme de 88,3 millions $ qui sera déboursée par le gouvernement du Québec inclut un montant de 58 millions $ pour créer de nouvelles habitations afin de relocaliser les citoyens du secteur Notre-Dame. La Ville et le gouvernement ignorent où ces habitations seront érigées et cette opération pourrait prendre plusieurs années.

Questionnée à savoir pourquoi le gouvernement, et non Glencore, paiera pour la création d’un nouveau quartier, la ministre Laforest a répondu que le gouvernement a la responsabilité de s’assurer de «la santé et du bien-être des citoyens».

La ministre a expliqué qu’une aide financière sera disponible pour les locataires qui se trouveront une habitation dont le coût du loyer est plus élevé que ce qu’ils paient actuellement.

«Une équipe d’intervention en soutien psychosocial sera disponible en tout temps», a ajouté la ministre des Affaires municipales.

Le gouvernement compte rencontrer «chaque citoyen» visé par la relocalisation afin de connaître leurs besoins. 

Les autorités pourraient, par exemple, «considérer les besoins en mobilité» des résidants qui n’ont pas de véhicule, selon les informations transmises dans un breffage technique jeudi matin.

De nombreuses familles à faibles revenus habitent dans le quartier Notre-Dame, et certaines d’entre elles pourraient donc obtenir du financement pour leur besoin en transport si de nouvelles habitations sont construites loin du centre-ville.

L’enveloppe de 88,3 millions $ comprend également une série de mesures qui, selon le gouvernement, «vont permettre d’approfondir les connaissances sur les impacts des divers contaminants émis par la Fonderie Horne, de stimuler le développement local, d’accroître l’attractivité de la région, ainsi qu’à veiller au bon déroulement des actions qui seront posées».

Une cible de 15 nanogrammes en 2027

Le gouvernement a également dévoilé jeudi la nouvelle autorisation ministérielle de la Fonderie Horne.

Celle-ci exige que l’entreprise atteigne la cible de 15 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) à l’année 5 de l’autorisation, donc en 2027.

Le ministère de l’Environnement impose également des seuils d’émission d’arsenic de 65 ng/m3 au cours de l’année 2023 et 45 nanogrammes pour 2024 , 2025 et 2026.

L’entente précédente, qui avait été signée avec le gouvernement libéral en 2017, permettait que les émissions d’arsenic de la fonderie atteignent une moyenne annuelle de 100 ng/m3, soit 33 fois plus que la norme qui est de 3 ng/m3.

Le gouvernement exige aussi que l’entreprise présente un plan d’action d’ici 2027, pour éventuellement atteindre la norme 3 ng/m3.

Toutefois, aucun échéancier n’a été fixé pour atteindre cette norme.

La nouvelle autorisation exige également que la fonderie diminue ses rejets de cadmium, de cuivre, de nickel et de plomb à partir de 2027.

«J’ai la ferme conviction qu’avec les mesures annoncées aujourd’hui, nous protégeons mieux la santé de la population du quartier Notre-Dame et de Rouyn-Noranda», a indiqué le ministre de l’Environnement, Benoit Charette.

Claude Bélanger, chef des opérations cuivre en Amérique du Nord de Glencore, a déclaré que l’entreprise est «déterminée à travailler avec nos parties prenantes pour atteindre ces nouveaux objectifs ambitieux».

La Fonderie Horne est la seule fonderie de cuivre au Canada. Ses dirigeants ont prévu réagir à la nouvelle autorisation en fin d’après-midi jeudi.