Fiona: le premier ministre de la N.-É. critique les fournisseurs de services sans fil

HALIFAX — Le premier ministre de la Nouvelle-Écosse a vertement critiqué les entreprises de télécommunications qui desservent la province, déplorant le grand nombre de Néo-Écossais qui sont toujours sans service de téléphonie cellulaire quatre jours après le passage dévastateur de la tempête post-tropicale Fiona sur les provinces de l’Atlantique.

Dans une déclaration publiée mercredi, Tim Houston soutient qu’il est inacceptable que des Néo-Écossais ne puissent toujours pas appeler le 911 ou joindre leurs proches. 

«Les Néo-Écossais se demandent quand leur service sera rétabli, s’interrogent sur l’ampleur des pannes et sur ce que les entreprises prévoient de faire pour que cela ne se reproduise plus, a-t-il indiqué. Il ne fait aucun doute que nos entreprises de télécommunications doivent absolument en faire plus et être plus transparentes.»

Le premier ministre Houston a indiqué qu’avant même l’arrivée de Fiona, son gouvernement avait demandé aux fournisseurs Bell Aliant, Eastlink, Rogers et Telus de déléguer des représentants au centre de coordination de la province. Or, dit-il, aucune des quatre entreprises n’était au départ disposée à venir s’asseoir avec les autorités pour se préparer à l’arrivée imminente de Fiona.

«Eastlink, Rogers et Telus ont refusé de se rendre au (centre de coordination) en personne lors de l’intervention initiale», a déclaré le premier ministre.

Bell Aliant, cependant, a finalement délégué quelqu’un après que le gouvernement eut porté plainte auprès de la haute direction de l’entreprise, mais le premier ministre a déclaré que ce représentant était parti après deux jours, pour travailler ensuite à distance.

Dans un communiqué, Bell Aliant indique que son représentant a dû quitter la table dimanche parce qu’il devait lui-même sécuriser sa résidence, mais l’entreprise assure qu’elle gardait contact avec le centre de coordination. «Le 911 et notre réseau d’intervention d’urgence sont également restés entièrement fonctionnels tout au long de la tempête et après», a déclaré la porte-parole, Katie Hatfield.

«Nous avons également fait participer un représentant à tous les points de presse» du bureau de gestion des urgences, et «nous nous engageons à tenir les clients informés via les médias, les médias sociaux, nos sites Web, nos centres d’appels et nos magasins».

Au plus fort de la tempête, la majorité des réseaux sans fil et filaires de Bell Aliant étaient opérationnels, a soutenu Mme Hatfield, et «à ce stade-ci, ils sont près d’être rétablis à 100 %».

Ottawa devrait en faire plus

Par ailleurs, M. Houston dit avoir demandé au ministre fédéral de l’Industrie, François-Philippe Champagne, d’obliger les entreprises de télécommunications à fournir des mises à jour sur les pannes de service.

«D’autres fournisseurs de services se sont réunis pour s’assurer que les Néo-Écossais disposent des informations dont ils ont besoin, mais les entreprises de télécommunications sont constamment absentes de la table», a déclaré M. Houston.

«Nous demandons au gouvernement fédéral, en tant qu’organisme de réglementation, de veiller à ce que les entreprises de télécommunications soient responsables de leur performance en cas d’urgence et fassent preuve de transparence avec leurs clients.»

Dans un communiqué, Rogers affirme que l’entreprise a travaillé en étroite collaboration avec les gouvernements provincial et fédéral avant et après le passage de la tempête. «À mesure que les secteurs touchés étaient débarrassés des lignes ou des arbres abattus, nos équipes locales ont pu rétablir les services le plus rapidement possible, indique Rogers. Nous avons maintenant 99 % des services rétablis dans la région.»

D’autre part, plus de 104 000 foyers et entreprises en Nouvelle-Écosse étaient toujours privés de courant mercredi matin, ce qui représente 20 % des clients de l’entreprise de service public d’électricité Nova Scotia Power. Or, ces pannes de courant, qui ont commencé tôt samedi, ont eu un impact sur le service sans fil, car les batteries de secours des tours de téléphonie mobile se déchargent progressivement depuis.

Le communiqué de Rogers indique que l’entreprise a fait venir des techniciens de l’Ontario et du Québec, est restée en contact permanent avec toutes les équipes provinciales de gestion des urgences et a déployé des génératrices dans les tours cellulaires pour maintenir les batteries chargées.

«Nos systèmes (…) ont automatiquement transféré les appels sur le réseau pour minimiser autant que possible les impacts sans fil, indique Rogers. Avec des arbres abattus et des routes en mauvais état, nos équipes se déploient aussi rapidement que possible une fois en sécurité.»

Aussi dans l’Î.-P.-É. et à T.-N.-L.

Un mauvais service de téléphonie cellulaire a également été signalé à l’Île-du-Prince-Édouard et dans le sud-ouest de l’île de Terre-Neuve, des zones ravagées par Fiona, avec des ondes de tempête massives et des vents de force ouragan.

À Ottawa, le ministre de l’Infrastructure, Dominic LeBlanc, a déclaré que le gouvernement fédéral travaillait avec l’industrie pour assurer le maintien en tout temps des services de télécommunications. «Le gouvernement du Canada accepte d’assumer ses responsabilités dans ce secteur des télécommunications pour nous assurer que nous en faisons plus, et rapidement», a-t-il dit. M. LeBlanc a déclaré que le gouvernement n’hésitera pas à envisager des mesures réglementaires s’il conclut que l’industrie ne coopère pas suffisamment.

Le ministre de l’Immigration, Sean Fraser, dont la circonscription de Nova-Centre figurait parmi les régions touchées par Fiona, a décrit le manque de services de téléphonie cellulaire et internet comme un enjeu de sécurité publique. 

Trudeau à Terre-Neuve

Par ailleurs, la ministre de la Défense, Anita Anand, a indiqué qu’environ 600 militaires étaient actuellement sur le terrain en Nouvelle-Écosse, à l’Île-du-Prince-Édouard et à Terre-Neuve.

Pendant ce temps, le premier ministre Justin Trudeau a rencontré mercredi des habitants sous le choc de Port aux Basques, sur l’île de Terre-Neuve, où une onde de tempête record a détruit une centaine de maisons, entraînant certaines d’entre elles dans la mer. Dans les îles voisines de Burnt, qui ont également été frappées par la tempête, il n’y avait pas de service de téléphonie cellulaire jusqu’à mercredi.

Le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey, a reconnu mercredi qu’il n’y avait pas de service internet et téléphonique dans certaines localités de l’île. Et le député provincial de la région la plus touchée, Andrew Parsons, a confirmé qu’il n’y avait aucun service dans la communauté éloignée de La Poile, qui se trouve le long de la côte sud de l’île et n’est accessible que par traversier.

Le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, a soutenu mardi en Chambre que le service cellulaire dans tout le Canada atlantique avait été interrompu parce que les entreprises de télécommunications n’ont pas réussi à construire une infrastructure capable de faire face aux conditions météorologiques extrêmes. Lors de la période des questions, il a demandé au gouvernement d’obliger ces entreprises à améliorer leurs infrastructures.