Étude: l’exclusivité romantique est plus importante que l’exclusivité sexuelle

MONTRÉAL — Une semaine avant la Saint-Valentin, une vaste enquête en ligne pilotée par une chercheuse de l’Université du Québec à Montréal révèle que les Canadiens accordent plus d’importance à l’exclusivité romantique qu’à l’exclusivité sexuelle, peu importe qu’ils soient en couple ou célibataires. 

Ces constats s’appliquent aussi bien aux personnes hétérosexuelles qu’aux personnes gaies, lesbiennes, bisexuelles, pansexuelles ou queers.

Le projet Mapping Contemporary Love and Intimacy Ideals in Canada – Cartographier les idéaux amoureux et intimes au Canada (MACLIC) est mené auprès de quelque 4000 individus à travers le pays.

«Il y a beaucoup de conversations et de spéculations sur la révolution dans l’amour, l’amour n’est plus ce qu’il était, les relations ne sont plus ce qu’elles étaient, etc., a dit la chercheuse principale du projet MACLIC, la professeure Chiara Piazzesi du département de sociologie de l’UQAM.

«Mais finalement on n’a pas de données, on n’est pas allés demander aux gens ce qu’ils pensent de l’amour, de l’intimité, de la sexualité aujourd’hui, de ce qui devrait compter dans la construction quotidienne de l’intimité. Et c’est la raison pour laquelle nous avons débuté ce projet.»

Les résultats montrent que 81 % des personnes impliquées dans une relation intime voient l’exclusivité romantique comme leur idéal, alors que 70 % voient plutôt l’exclusivité sexuelle comme leur idéal. L’exclusivité romantique devance l’exclusivité sexuelle aussi bien au sein des relations monogames/exclusives qu’au sein des relations non monogames/non exclusives.

Parmi les personnes hétérosexuelles en relation intime, 91 % ont désigné l’exclusivité romantique comme leur idéal, alors que 83 % ont désigné l’exclusivité sexuelle. Les femmes hétérosexuelles ont été proportionnellement plus nombreuses que les hommes hétérosexuels à le faire.

Parmi les personnes gaies, lesbiennes, bisexuelles, pansexuelles ou queers qui étaient en relation intime, 55 % recherchaient avant tout l’exclusivité romantique, contre 36 % qui recherchaient principalement l’exclusivité sexuelle. Ces pourcentages étaient respectivement de 36 % et de 24 % pour les personnes non binaires en relation intime.

Du côté des célibataires, 89 % des adultes qui ne fréquentent personne ont indiqué l’exclusivité romantique comme leur idéal et 79 % ont indiqué l’exclusivité sexuelle. Même les deux tiers des adultes célibataires qui fréquentaient une ou plusieurs personnes ont choisi l’exclusivité romantique.

«C’est frappant de constater que l’exclusivité romantique, donc le fait d’avoir une relation affective engagée avec quelqu’un, avec une seule personne à la fois en fait, reste beaucoup plus populaire comme idéal que l’exclusivité sexuelle», a commenté Mme Piazzesi.

Au sein de la population hétérosexuelle, poursuit-elle, la fidélité et l’exclusivité sexuelle ont longtemps été considérées comme synonyme d’engagement. Les nouveaux résultats démontrent que cette équivalence «est de plus en plus questionnée», a dit la chercheuse.

Ainsi, 14 % des participants à l’enquête ont indiqué que leur configuration idéale est une configuration dans laquelle les deux partenaires ont des contacts sexuels, ensemble, avec d’autres personnes. Les couples semblent donc être de plus en plus ouverts à de nouvelles expériences qui pourraient enrichir leur vie intime.

«Ça fait quand même des années qu’on parle de la possibilité que l’intimité ne soit pas exclusive, qu’il y ait plus de deux personnes impliquées dans les relations intimes», a dit Mme Piazzesi. 

Auparavant, ajoute-t-elle, le fait de ne pas considérer la monogamie comme étant «fondamentale et fondatrice d’une intimité engagée» était presque «caractéristique de certaines communautés des minorités sexuelles».

«Mais évidemment, ça commence à rentrer aussi de plus en plus dans l’imaginaire des personnes hétérosexuelles», a-t-elle dit.

Plus de 4000 Canadiens et Canadiennes âgés de 18 ans et plus ont rempli le sondage MACLIC entre février et juin 2022. Parmi celles-ci, environ 58 % sont des femmes, 36 % des hommes, et 5,4 % des personnes non binaires.