Des manifestations sont organisées contre les investissements de la Banque Royale

MONTRÉAL — Une quarantaine de manifestants se sont rassemblés dans une succursale de la Banque Royale du Canada (RBC) du centre-ville de Montréal, samedi après-midi, pour dénoncer les investissements de l’institution financière dans des projets liés aux énergies fossiles.

Les manifestants, des groupes Solidarité décoloniale, Greenpeace Québec, Mouvement d’action régional en environnement et Divest McGill, se sont ainsi joint à d’autres organisations de partout au pays qui ont manifesté à 40 endroits d’un océan à l’autre, notamment à Edmonton, Toronto, Ottawa, Winnipeg, Halifax et Vancouver.

Leur objectif était ainsi de faire savoir leur mécontentement par rapport aux politiques d’investissement de l’institution dans des projets liés aux énergies fossiles et son manque d’écoute des préoccupations des Premières Nations.

«Pour nous, ce sont deux enjeux intimement liés», a expliqué Louis Ramirez, de Solidarité décoloniale, en entrevue avec La Presse Canadienne.

«Il y a donc une quarantaine de manifestants qui ont occupé la succursale momentanément pour revendiquer des changements de politique en matière d’investissement et de consentement des peuples autochtones pour les projets dans lesquels ils investissent. On réclame une désescalade de ces investissements, pour s’aligner avec la transition écologique.»

RBC a présenté un plan pour réduire les émissions des projets qu’elle finance d’ici 2030, dans le but d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Mais l’institution financière s’est attiré des critiques de certains intervenants, qui l’ont accusé de faire de l’«écoblanchiment» lorsqu’elle a présenté son plan de réduction des émissions d’ici 2030.

RBC s’est aussi attiré les foudres de certaines Premières Nations, dont les Wet’suwet’en, qui ont dénoncé son plan climatique et ses investissements dans le gazoduc Coastal GasLink, dont l’objectif est de relier Dawson Creek et Kitimat, en Colombie-Britannique, en passant à travers les Rocheuses canadiennes.

«La RBC ne s’est même pas assurée que les chefs Wet’suwet’en seraient consultés. Elle a consulté certains chefs de certaines nations, mais juste celles et ceux qui sont d’accord avec elle», a déploré M. Ramirez.

«Celles et ceux qui, selon la loi autochtone et même selon la Cour suprême du Canada, auraient dû être consultés, auraient dû donner leur consentement, ne l’ont pas été. Donc aujourd’hui, ça se traduit par des violences colossales sur leurs territoires», a-t-il affirmé.

La banque, de son côté, a toujours mis de l’avant l’importance de mener une transition énergétique vers la carboneutralité. La Presse Canadienne n’a pas vérifié de manière indépendante les groupes qui ont été consultés dans le cadre de ce projet.

«Nous nous sommes engagés à atteindre l’objectif de carboneutralité dans nos prêts d’ici 2050 et avons établi des objectifs provisoires de réduction des émissions qui nous aideront à prendre des mesures et à mesurer les progrès accomplis», a assuré le porte-parole de RBC, Jeff Lanthier, par courriel.

«Ces objectifs s’appuient sur des données scientifiques et reflètent une approche mesurée et délibérée de l’action climatique», a-t-il fait valoir.

Déguisements du 1er avril

Ce mouvement de contestation pancanadien a été lancé à quelques jours de l’assemblée annuelle des actionnaires de RBC, qui doit avoir lieu mercredi à Saskatoon, en Saskatchewan.

Les manifestants tenaient à faire entendre leurs voix avant cette assemblée, puisque la banque «a recommandé à ses actionnaires de voter contre des politiques écologiques et contre des propositions pour respecter les politiques de droit autochtone», selon M. Ramirez.

Des manifestants présents à l’intérieur de la succursale montréalaise se sont donc déguisés pour ressembler au président et chef de la direction de RBC, David McKay, pour faire entendre raison aux actionnaires.

«C’est un poisson d’avril», a souligné M. Ramirez.

Le Service de police de la Ville de Montréal a indiqué être «au courant» de cette manifestation, mais sa porte-parole Jeanne Drouin a précisé que tout «semble être pacifique».

— Avec des informations de Rosa Saba à Toronto

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