Commissaire à la langue française: le PLQ rejette la candidature de Benoît Dubreuil

QUÉBEC — L’opposition officielle a annoncé vendredi qu’elle ne soutiendra finalement pas la candidature du philosophe Benoît Dubreuil au poste de commissaire à la langue française. 

Dans un communiqué diffusé en après-midi, le chef libéral par intérim, Marc Tanguay, a déclaré que la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault n’avait pas choisi «la bonne personne» pour ce poste.

«Nous demandons une candidature qui saura faire les analyses et les nuances nécessaires afin que tous les Québécois puissent se sentir partie prenante de (…) l’épanouissement du français», a affirmé M. Tanguay.

La veille, Québec solidaire (QS) avait pourtant fait volte-face et consenti à ce que M. Dubreuil devienne le tout premier commissaire à la langue française. Le Parti québécois appuie également sa candidature.

Mais le Parti libéral du Québec (PLQ) n’accepte tout simplement pas certains passages de l’essai coécrit par Benoit Dubreuil en 2011, «Le remède imaginaire – Pourquoi l’immigration ne sauvera pas le Québec».

Selon le PLQ, dans cet essai, M. Dubreuil maintient que l’utilisation d’une autre langue que le français à la maison par une majorité des immigrants peut être considérée comme un signe de fragilisation du français. 

Les élus libéraux sont en désaccord sur ce point. Pour eux, c’est la langue parlée dans la sphère publique qui doit servir d’indicateur de référence. 

Par ailleurs, le PLQ estime que dans cet ouvrage, M. Dubreuil remet en cause le sentiment d’appartenance à la société québécoise des personnes immigrantes.

Le parti cite ce passage: «Utiliser l’immigration pour maintenir le poids relatif du Québec n’a de sens que si les immigrants s’identifient à la majorité et ont très largement les mêmes préférences politiques que les Québécois natifs».

Le «manque de nuances» dans les écrits passés de M. Dubreuil et son «biais de jugement concernant le sentiment d’appartenance d’une personne immigrante» inquiètent l’équipe libérale.

Enfin, M. Dubreuil a des compétences pertinentes en matière d’évaluation de programmes, mais les enjeux linguistiques semblent s’inscrire de façon périphérique à son parcours, ont noté les libéraux.

La députée libérale Madwa-Nika Cadet a remercié par voie de communiqué M. Dubreuil de l’avoir rencontrée.

«Malgré une rencontre cordiale qui nous a permis d’échanger sur les défis auxquels est confrontée la langue française, des divergences philosophiques majeures demeurent», a-t-elle cependant déclaré.

On comprend donc que le PLQ se prononcera contre le candidat de la CAQ lors du vote en Chambre, qui se tiendra probablement la semaine prochaine.

Le gouvernement reviendra à la charge, après avoir renoncé à nommer M. Dubreuil en décembre dernier, car QS avait annoncé son intention de voter contre et le PLQ avait retiré son appui le jour du vote.

Le commissaire à la langue française est un chien de garde indépendant. Ce poste, créé avec l’adoption en juin dernier de la loi 96, consiste notamment à surveiller l’évolution de la situation linguistique au Québec.

Sa nomination doit faire l’objet d’un vote aux deux tiers de l’Assemblée nationale. Le gouvernement Legault détient à lui seul plus des deux tiers des sièges, mais recherche le consensus, dans la mesure du possible.