Blanchet veut rencontrer le président Biden lors de sa visite au Canada

OTTAWA — Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, veut s’entretenir avec le président américain Joe Biden lors de sa visite à Ottawa à la fin mars.

M. Blanchet a sollicité une telle rencontre, à laquelle tous les chefs d’opposition devraient être invités, dans une lettre transmise au premier ministre Justin Trudeau dans les dernières semaines, mais qui demeure sans réponse.

En entrevue, le chef bloquiste a rappelé que le système politique canadien est différent de celui de son voisin du sud, en ce sens qu’il conduit parfois comme c’est le cas actuellement à la formation de gouvernements minoritaires.

«La lecture de ce qu’est le Canada, ben, ça passe aussi par ce qu’en pense (le chef conservateur) Pierre Poilievre, moi ou (le chef néo-démocrate) Jagmeet Singh», a-t-il noté.

La visite du président américain, qui doit avoir lieu les 23 et 24 mars, sera sa première au nord de la frontière depuis son entrée en fonction en 2021. MM. Trudeau et Biden discuteront d’une mise à niveau en cours du système de défense continental du NORAD, des chaînes d’approvisionnement et de la lutte contre les changements climatiques. Le président s’adressera également au Parlement.

Advenant qu’une rencontre ait lieu, le chef bloquiste aimerait d’abord dire au président Biden que le Bloc québécois est un partenaire sur les enjeux de sécurité, notamment ceux relatifs à l’OTAN, de la guerre en Ukraine et en ce qui a trait à la Chine. La nécessité de renégocier l’entente sur les tiers pays sûrs serait l’un des «premiers» éléments sur sa liste de sujets.

M. Blanchet a révélé qu’il entend se rendre à New York au cours des prochaines semaines pour présenter «une autre vision que celle du gouvernement libéral» quant au chemin Roxham, notamment en traitant de l’«enjeu à caractère culturel, linguistique et de services de l’État au Québec».

«On veut une réponse»

La lettre a été envoyée il y a deux semaines et pour le moment, le Bloc n’a reçu qu’un accusé de réception. Maintenant que les dates sont fixées, le Bloc exige une réponse du cabinet du premier ministre.

Le chef bloquiste a évité une question quant au niveau où il situe ses chances de succès sur une échelle de 0 à 5 d’une rencontre avec le président américain. «Mon exigence est à 5», a-t-il répondu.

D’ailleurs, la tenue de telles rencontres devrait, selon lui, devenir «une pratique systématique», être «dans l’ordre des choses» et le cabinet du premier ministre devrait les proposer par lui-même «par politesse, par respect de la démocratie».

M. Blanchet reconnaît qu’il est rare que des chefs de partis d’opposition rencontrent des chefs d’État étrangers. «Mais bon, le président américain, ce n’est pas la même chose, c’est le président de l’État voisin qui est un géant. Ce n’est pas la Nouvelle-Zélande», a-t-il résumé.

«On n’est pas des barbares qui vont aller insulter tout le monde et dénigrer le Parti libéral, a ajouté M. Blanchet. On va se comporter avec le sens de l’État.»

Le cabinet du premier ministre n’avait pas répondu à une demande de commentaire au moment de publier.

M. Blanchet juge d’ailleurs «vulgaire» que le cabinet du premier ministre ait ignoré sa demande visant à saluer la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors d’une activité protocolaire après son discours à la Chambre des communes plus tôt cette semaine.

«Je trouve ça insultant, a-t-il dit. Je trouve ça “Justin Trudeau”. Je trouve ça méprisant pour la démocratie. Je rappelle à Justin Trudeau que le 32e député bloquiste est autant un député que lui, premier ministre, et qu’il doit traiter tous les élus avec respect, tous les partis avec respect et tous les chefs avec respect.»

Des chefs du Bloc québécois ont «rencontré» des présidents américains lors de visites à Ottawa, souligne le parti. Lucien Bouchard, alors chef de l’opposition officielle, avait rencontré Bill Clinton lors de sa visite officielle à Ottawa en 1995. Et Gilles Duceppe avait fait de même avec George W. Bush en 2004 lors d’un cocktail.

Une visite au Canada est habituellement l’un des premiers voyages à l’étranger d’un nouveau président américain, une tradition bouleversée il y a deux ans par la pandémie de COVID-19. Les deux dirigeants se sont plutôt contentés d’une rencontre virtuelle.

Le virus a de nouveau interféré dans les relations canado-américaines en 2022, lorsque M. Biden a été déclaré positif à la COVID-19 une deuxième fois, forçant la Maison-Blanche à abandonner son plan pour une visite estivale cette année-là.