Un accord conclu entre les généraux au Soudan: un premier pas vers un cessez-le-feu

LE CAIRE — L’envoyé de l’ONU pour le Soudan a salué vendredi un accord entre les généraux en guerre du pays promettant un passage sûr aux civils qui fuient le conflit et la protection des opérations humanitaires dans ce pays d’Afrique de l’Est.

L’envoyé, Volker Perthes, a déclaré que l’accord était une première étape importante vers un cessez-le-feu des combats qui sont sur le point d’entrer dans leur quatrième semaine.

L’armée soudanaise et les paramilitaires du pays, les Forces de soutien rapide (FSR), ont signé jeudi soir un pacte promettant d’alléger les souffrances humanitaires à travers le pays, bien qu’une trêve reste difficile à obtenir. 

Les deux parties ont également convenu de s’abstenir de toute attaque susceptible de blesser des civils. La violence a déjà tué plus de 600 personnes, dont des civils, selon l’agence de santé des Nations unies.

«L’élément le plus important est que les deux parties s’engagent à poursuivre les pourparlers», a mentionné M. Perthes lors d’une conférence de presse en ligne de l’Organisation des Nations unies (ONU) depuis son bureau à Port-Soudan. Les efforts internationaux pour transformer l’accord en cessez-le-feu ont déjà commencé, a-t-il ajouté.

L’Associated Press a obtenu une copie de l’accord, qui décrit une série d’engagements et de promesses partagés pour «faciliter l’action humanitaire afin de répondre aux besoins des civils».

La cérémonie de signature de l’accord a été diffusée par les médias d’État saoudiens aux premières heures de la matinée de vendredi. Ni l’armée ni les FSR n’ont immédiatement publié de déclarations reconnaissant le pacte de jeudi.

Il ne fournit aucun détail sur la manière dont les promesses humanitaires convenues seraient tenues par les troupes sur le terrain. Les deux parties avaient convenu de plusieurs courts cessez-le-feu depuis que les combats ont éclaté le 15 avril, mais tous ont été violés.

Dans un message sur Twitter, Amjad Farid, analyste soudanais et ancien assistant du premier ministre du pays, a affirmé que l’accord n’apporterait probablement aucun changement réel sur le terrain. D’autres commentateurs ont exprimé un scepticisme similaire.

Malgré la signature, les habitants de Khartoum ont déclaré que les combats se sont poursuivis tout au long de la matinée de vendredi.

Au cours des dernières semaines, les combats ont transformé la capitale Khartoum en un champ de bataille et déclenché des affrontements ethniques meurtriers dans la région occidentale du Darfour. Environ 200 000 personnes ont fui le pays, a fait savoir la porte-parole du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, Olga Sarrado, qui était également présente à la conférence de presse de vendredi.

Le département d’État américain a déclaré jeudi soir que les pourparlers à Djeddah se concentreraient désormais sur l’organisation «d’un cessez-le-feu effectif pouvant aller jusqu’à environ 10 jours».

L’ONU et plusieurs groupes de défense des droits ont accusé les deux parties – l’armée, dirigée par le général Abdel-Fattah Burhan, et les Forces de soutien rapide, commandées par le général Mohamed Hamdan Dagalo – de nombreuses violations des droits de la personne. 

L’armée a été accusée de bombarder sans discernement des zones civiles, tandis que les FSR ont été condamnées pour des pillages généralisés, des abus contre les habitants et la transformation de maisons civiles en bases opérationnelles. Les deux continuent de se blâmer mutuellement pour les violations.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a salué la signature de l’accord, qui pourrait stimuler les opérations de secours pour des millions de Soudanais dans le besoin, a déclaré le porte-parole Stéphane Dujarric.

Le chef de l’ONU a réitéré son appel à l’arrêt des combats, mais l’organisation «continuera à fournir une aide humanitaire, cessez-le-feu ou non», a soutenu M. Dujarric.