L’un des suspects les plus recherchés pour le génocide de 1994 au Rwanda a comparu

LE CAP, Afrique du Sud — L’un des suspects les plus recherchés pour le génocide de 1994 au Rwanda a comparu vendredi devant un tribunal sud-africain, tenant une Bible et un autre livre portant l’inscription «Jésus d’abord» en couverture.

Fulgence Kayishema était inspecteur dans la police lorsqu’il aurait orchestré le meurtre de plus de 2000 personnes, dont des enfants, qui tentaient de se réfugier dans une église aux premiers jours du génocide.

Il a été arrêté mercredi dans une petite ville d’une région viticole à une cinquantaine de kilomètres à l’est du Cap, en Afrique du Sud, après avoir réussi à échapper à la justice pendant près de 30 ans. Selon les autorités sud-africaines, il aurait aujourd’hui 61 ans.

Les cinq accusations portées contre lui par les procureurs sud-africains vendredi ne concernent que de fausses déclarations qu’il aurait faites sur des formulaires d’immigration, il y a 23 ans, pour entrer et séjourner en Afrique du Sud.

Kayishema sera détenu jusqu’à une autre audience vendredi prochain, a déclaré le juge. Il devrait être extradé vers le Rwanda et finalement jugé dans ce pays pour génocide et crimes contre l’humanité. Il n’était pas clair s’il serait jugé pour les accusations en Afrique du Sud avant son extradition au Rwanda.

Avant sa brève comparution devant le tribunal de première instance du Cap, vendredi, Kayishema a brandi les livres religieux pour que les journalistes et les autres personnes présentes dans la salle d’audience puissent bien les voir. 

Il avait été formellement accusé en 2001 de génocide et de crimes contre l’humanité par un tribunal enquêtant sur les horreurs du génocide rwandais, où plus de 800 000 personnes ont été massacrées lorsque des membres de l’ethnie hutu se sont retournés contre la minorité tutsi et d’autres Hutus qui essayaient de les protéger.

Kayishema a été accusé pour des meurtres rwandais il y a plus de 20 ans par le Tribunal pénal international (TPI) pour le Rwanda, créé par les Nations unies pour enquêter sur le génocide et traduire les tueurs en justice. 

Le «Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux» a poursuivi les travaux de ce TPI et a annoncé jeudi l’arrestation de Kayishema, qu’il a qualifié de l’«un des fugitifs internationaux les plus recherchés».

Kayishema faisait partie des leaders d’un groupe qui a d’abord tenté d’incendier l’église. Lorsque ce plan a échoué, lui et d’autres ont utilisé un bulldozer pour raser le bâtiment, écrasant et tuant les personnes à l’intérieur, selon l’acte d’accusation. Il a également été impliqué dans le déplacement des corps vers une fosse commune au cours des deux jours suivants, selon l’acte d’accusation.

Kayishema a été retrouvé par l’équipe de recherche des fugitifs du tribunal du génocide et par Interpol, avec l’aide des autorités du Rwanda, d’Afrique du Sud, du Mozambique, d’Eswatini, de Grande-Bretagne, du Canada et des États-Unis, a indiqué le tribunal.