Les candidats turcs à leur dernière ligne droite avant les élections de dimanche

ISTAMBOUL — Les politiciens turcs ont mené leurs derniers rassemblements samedi, à la veille d’élections présidentielles et parlementaires qui pourraient altérer le futur du pays.

Le président sortant Recep Tayyip Erdogan, dont la position est plus précaire qu’elle ne l’a jamais été pendant ses deux décennies au pouvoir, a pris la parole lors de trois rassemblements à Istanbul, la plus grande ville de Turquie.

Son principal adversaire est Kemal Kiliçdaroglu, chef du Parti républicain du peuple, une formation pro-laïcité de centre gauche qui est à la tête d’une coalition de six partis d’opposition. Il a tenu son dernier rassemblement dans la capitale, Ankara, sous la pluie battante de vendredi. Samedi, il a visité le mausolée de Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne et premier chef de son parti.

Vendredi, M. Erdogan a écarté des spéculations disant qu’il ne cèderait pas le pouvoir en cas de défaite, disant que l’idée est «ridicule»: «Si notre nation décide de prendre une voie différente, nous ferons exactement ce qui est requis par la démocratie.»

Il a mis de l’avant les investissements de son gouvernement en défense et en infrastructures, tout en disant que M. Kiliçdaroglu est incapable de diriger la Turquie et l’accusant d’être en collusion avec des groupes terroristes. Il a aussi fait valoir que son adversaire est pro LGBTQ+, et donc selon lui anti-familles.

La campagne de l’opposition a aussi reçu du soutien du populaire maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, qui a tenu un dernier rallye pour inciter les gens à voter pour M. Kiliçdaroglu.

Comme lors des dernières élections, la couverture médiatique a été inégale, comme les rassemblements de M. Erdogan ont eu droit à une diffusion en direct continue.

Vendredi, M. Kiliçdaroglu a appelé les dizaines de milliers de partisans rassemblés à «changer le destin de la Turquie» et a affirmé être prêt à amener la démocratie au pays. M. Erdogan a soulevé les critiques dans les dernières années, après s’être attaqué à ses dissidents et avoir concentré le pouvoir entre ses mains.

Alors que le Parti républicain du peuple a perdu toutes les élections depuis l’arrivée de M. Kiliçdaroglu, en 2010, les sondages d’opinion lui donnent une mince avance sur M. Erdogan.

La participation au scrutin est habituellement forte en Turquie, même si les libertés d’expression et de rassemblement ont été écorchées.

Si aucun candidat présidentiel n’obtient plus de 50 % des voix, un second tour aura lieu le 28 mai. Les 600 sièges du parlement seront aussi en jeu.

La commission électorale a annoncé que les votes obtenus par Muharrem Ince, un candidat présidentiel s’étant retiré de la course cette semaine, Muharrem Ince, seront comptés comme valides. Plusieurs analystes ont prédit que ses partisans se tourneront vers M. Kiliçdaroglu.