Au lendemain d’un verdict défavorable, Donald Trump s’adresse à ses électeurs sur CNN

WASHINGTON — Incorrigible et impénitent, Donald Trump a repris mercredi là où il s’est arrêté il y a deux ans, rejetant les résultats des élections de 2020 et son rôle dans les émeutes du 6 janvier au Capitole des États-Unis. Il a aussi qualifié les démocrates «d’imbéciles» et s’est engagé à faire des États-Unis une superpuissance des combustibles fossiles, lors d’un long entretien à CNN, devant des partisans, à une heure de grande écoute mercredi soir.

Deux fois mis en accusation, récemment inculpé et maintenant sur le crochet pour un jugement de 5 millions $ qui l’a reconnu responsable d’abus sexuels et de diffamation: la réhabilitation de l’image était clairement la chose la plus éloignée de l’esprit de Trump lorsqu’il s’est présenté à une assemblée publique dans le New Hampshire pour répondre aux questions de la journaliste Kaitlan Collins.

L’ancien président a nié connaître E. Jean Carroll, dont la poursuite civile a pris fin mardi avec la conclusion que Donald Trump a agressé sexuellement l’ancienne rédactrice en chef de magazines en 1996, puis l’a plus tard diffamé dans ses efforts publics pour nier les allégations.

Donald Trump a rejeté toute suggestion selon laquelle il aurait aidé à fomenter les émeutes meurtrières du Capitole en 2021, lorsque les partisans ont envahi le Congrès, alimentés par son insistance toujours rigide selon laquelle il était le vainqueur légitime de l’élection présidentielle.

Celui qui en tête de liste pour la nomination républicaine à la présidence en 2024 s’est présenté devant une foule amicale, savourant de fréquentes pauses pour des applaudissements et des rires bruyants de la foule, en particulier lorsqu’il a traité l’hôte Kaitlan Collins de «méchante femme».

«Ils étaient là avec de l’amour dans leur cœur. C’était une belle journée», a-t-il dit des émeutes, blâmant la mairesse du District de Columbia, Muriel Bowser, et l’ancienne présidente de la Chambre Nancy Pelosi pour le manque de sécurité au Capitole.

S’il retourne à la Maison-Blanche, Donald Trump accorderait «fort probablement» le pardon à une «grande partie» des quelque 500 personnes qui ont été condamnées jusqu’à maintenant pour leurs actes ce jour-là, sans dire si cela inclurait des membres extrémistes des Proud Boys.

Lorsqu’on lui a demandé s’il respecterait les résultats des prochaines élections, il a répondu qu’il le ferait — «si c’est une élection honnête».

M. Trump croit toutefois que s’il ne gagne pas la prochaine élection présidentielle, le pays sera «en grande difficulté».

L’auditoire comprenait en grande partie des électeurs républicains qui lui ont demandé son plan pour lutter contre l’inflation, ce à quoi il a répondu «Drill, baby, drill», en référence au forage pétrolier.

«Nous étions indépendants d’énergie. Nous allions être plus grands que la Russie et l’Arabie Saoudite combinés (…) et ces imbéciles y ont a mis fin», a déclaré Donald Trump en faisant référence à l’administration Biden.

Il a laissé entendre à un moment donné que le président Biden et le président de la Chambre, Kevin McCarthy, qui se trouvent actuellement dans une impasse au sujet du plafond de la dette, devraient tout simplement laisser le pays tomber dans un gouffre financier et tomber en défaut de paiement.

«Autant le faire maintenant, parce que vous le ferez plus tard, dit-il. Notre pays se meurt. Notre pays est détruit par des gens stupides.»

Lorsque la question du droit aux armes à feu a été soulevée, M. Trump a affirmé qu’il ordonnerait des mesures de sécurité plus rigides dans les écoles américaines. Il a blâmé les problèmes de santé mentale pour les fusillades de masse et il a laissé entendre qu’un plus grand nombre d’armes à feu, et non pas moins, rendrait le pays plus sûr.

Donald Trump a refusé de dire s’il signerait une interdiction fédérale de l’avortement, même s’il s’est maintes fois attribué le mérite de l’abrogation de la décision historique de 1973, Roe c. Wade, qui a été renversée l’an dernier après près de 50 ans de droits à l’avortement au pays.

Il a semblé ne pas s’engager à maintenir l’aide militaire à l’Ukraine, laissant entendre que le reste du monde profite des États-Unis, malgré ses « très bonnes relations » avec le président ukrainien Volodomyr Zelensky.

«Si j’étais président, je réglerais cette guerre en une journée – 24 heures» , a-t-il déclaré, suscitant des applaudissements.

«Je vais rencontrer Poutine, je vais rencontrer Zelensky. Ils ont tous les deux des faiblesses et ils ont tous les deux des forces, et dans 24 heures, cette guerre sera terminée», a dit Donald Trump.

M. Trump n’est pas le seul membre éminent du Parti républicain avec une propension au mensonge qui a été confronté à des questions difficiles mercredi sur ses problèmes juridiques croissants.

Le représentant de New York George Santos, le membre de première année du Congrès qui a effrontément et à plusieurs reprises romancé des parties de son parcours personnel et professionnel, a été inculpé de 13 accusations criminelles dans une salle d’audience de Long Island.

M. Santos fait face à sept chefs de fraude électronique, trois chefs de blanchiment d’argent, ainsi qu’un chef de vol de fonds publics. Il est également accusé d’avoir menti à la Chambre des représentants des États-Unis.

«Prises ensemble, les allégations de l’acte d’accusation accusent M. Santos de s’être appuyé sur la malhonnêteté et la tromperie répétées pour monter dans les couloirs du Congrès et s’enrichir», a déclaré le procureur américain Breon Peace.

«Il a utilisé des contributions politiques pour se remplir les poches, a illégalement demandé des allocations de chômage qui auraient dû aller aux New-Yorkais qui avaient perdu leur emploi à cause de la pandémie et a menti à la Chambre des représentants», a énuméré M. Peace

Après avoir plaidé non coupable, il est sorti du palais de justice, devant une horde de journalistes et de caméras suivant chacun de ses mouvements.

«La réalité est que c’est une chasse aux sorcières», a rétorqué M. Santos, citant rapidement les allégations nébuleuses de trafic d’influence contre Hunter Biden, le fils de l’actuel président, qui sont devenues un sujet de discussion populaire chez les Républicains.

Il a balayé les questions sur les allégations portées contre lui et a déclaré non seulement qu’il ne démissionnerait pas de son siège au Congrès, mais qu’il prévoyait de s’épanouir au Capitole et éventuellement de se faire réélire.

«Je vais mener ma bataille, je vais livrer, je vais combattre la chasse aux sorcières, je vais laver mon nom et j’ai hâte de le faire», a promis M. Santos.

Ce dernier, qui ne siège au Congrès que depuis quatre mois, a accumulé un palmarès impressionnant d’autoglorification fictive.

Il a prétendu, à tort, que sa mère était morte dans les attentats du 11 septembre et que sa grand-mère était morte dans la Shoah. Ses affirmations selon lesquelles il était une vedette du volleyball universitaire, un ancien employé de Goldman Sachs et un juif, ont toutes été démystifiées.

Une affirmation que le républicain ouvertement gay a d’abord niée et a finalement semblé céder était qu’il se produisait régulièrement en tant que drag queen à Rio de Janeiro dans les années 2000.

Mercredi, lorsqu’on lui a demandé pourquoi il avait l’intention de poursuivre une carrière politique, il a semblé suggérer que Washington était l’endroit idéal pour quelqu’un avec un bilan comme le sien.

«De mon point de vue, je serai président d’un comité dans quelques années, si vous regardez les normes du Congrès, a déclaré M. Santos. Regardez juste le Sénat.»