Vivre seul

Je ne voulais pas écrire cette semaine une chronique sur la morosité des gens, sur l’austérité que nous impose le Gouvernement lequel augmente le bien-être de ses élus. Je ne suis pas contre l’augmentation du salaire des élus, mais ce n’est pas le temps; le salaire des gens n’augmente pas, mais leurs dépenses oui. Pour le moment, c’est une question de respect.

Puis, devant mon piano, je ne sais pas pourquoi, je me suis mis à jouer et à fredonner la chanson «La Solitude», de Georges Moustaki. Je me suis souvenu comment la vie avait changé. Je me souviens que dans les années 1960,70, 80, le 25 novembre, c’était la fête des vieilles filles et une vieille fille dans ces années là, c’était une fille de 25 ans et plus qui n’était pas mariée et qui vivait souvent seule chez ses parents.

Statistique Canada en 2011, écrivait qu’au pays, 35 % des gens étaient mariés et que 21% vivaient en union libre, soit 56% de personnes vivant en couple. Puis il y avait 29% de célibataires, 9% de séparés et divorcés et 6% de veufs, soit 44% de personnes vivant seules.

On assiste depuis les années 1960 à une augmentation constante des célibataires, des gens vivant seuls. La vie de couple n’est plus le seul modèle valable. On peut tout à fait vivre à deux et vivre dans le déni le plus total et/ou chacun de son côté. Quelqu’un me disait l’autre jour que depuis dix ans, elle et son mari avaient fait l’amour en moyenne une fois par année, ce à quoi j’ai répondu : «vivre le célibat».

Je lisais dernièrement que «célibataire ne rime pas forcément avec galère». Le célibat est devenu un phénomène de société et il n’est plus synonyme de solitude. La solitude, nous la retrouvons autant chez le couple que chez le célibataire.

La règle d’or de la vie veut que le bonheur existe dans chacun de nous et pas ailleurs. Que l’on soit marié, célibataire, en union libre ou moine à St-Benoit-du-Lac, nous pouvons vivre seul heureux sans être isolé.

Les gens seuls sont de plus en plus nombreux, certains par choix, d’autres pas. Dans les années 1960-70, les gens subissaient une pression sociale et familiale pour se marier. Si tu ne te mariais pas, c’était parce que tu ne

«pognais» pas ou que tu étais une «tapette». Heureusement, nous sommes sortis de ce carcan. Aujourd’hui, beaucoup de jolies femmes ne se marient pas et vivent en solo comme il y a des hommes qui, par choix, décident de vivre en solo. Mais encore on peut sentir quelques fois le regard, le jugement des autres qui essaient de comprendre ce phénomène. Le jugement, il est facile pour les autres qui se croient dans la normalité vivant eux en couple.

Margaux Rembert écrit que «parmi les solos, ils sont nombreux à prouver qu’il est possible d’exister et de s’épanouir en dehors de la vie de couple, qui est souvent loin d’être un long fleuve tranquille. Je ne dis pas que je ne craque pas de temps en temps. Avoir un compagnon de route est appréciable, mais pas à temps plein».

La phrase qui tue chez l’homme dans cette nouvelle réalité est que «les femmes ont acquis leur indépendance financière et maintenant elles ont le choix». Ça, ça fait mal à l’égo. Mme Rembert termine sa réflexion en écrivant que «les célibataires ont beau prouver qu’exister autrement qu’à deux est possible et jouir d’une image plus positive qu’avant, ils continuent de déranger.»

Fini le temps où on riait des Catherine (vieilles filles) et où on se moquait des vieux garçons. C’était l’époque où le bonheur rimait avec mariage, où la peur de vieillir seul rimait avec le couple.

Georges Moustaki, dans sa chanson «La Solitude» écrit :

 

«Non je ne suis jamais seul

Avec ma solitude.

 

Si parfois je la répudie

Jamais elle ne désarme

Et si je préfère l’amour

D’une autre courtisane

Elle sera à mon dernier jour

Ma dernière compagne

 

Non je ne suis jamais seul

Avec ma solitude»

 

La solitude installée dans un couple est souvent plus difficile à vivre que celle qu’un célibataire peut vivre.

La vie de couple n’est pas une garantie de bonheur, comme vivre seul n’est pas une garantie de non-bonheur. Aujourd’hui nous avons le choix d’être heureux dans l’état civil qu’on choisit, marié ou célibataire. La solution du bonheur est en nous, marié ou vivant seul.

Je connais un moine qui est très heureux.

 

Me Laurent Pelletier

laurent@laupel.com