Une passion agricole héréditaire

RÉUSSITE. Démarrée il y a plus de 40 ans, l’entreprise agricole d’Alain Bouffard et Pauline Carrier, Bouffard et cie, est un bel exemple de réussite dans la région. En plus d’avoir su se renouveler au fil des ans, les copropriétaires ont réussi l’exploit d’impliquer une dizaine de leurs 12 enfants, directement ou indirectement, dans la ferme familiale.

Tout a commencé vers la moitié des années 1970, alors que le couple s’est marié et a acquis les fermes de chacun de leurs paternels à quelques mois d’intervalle. «Au départ, j’ai acheté la ferme de mon père, à Barnston-Ouest, et j’ai marié la voisine. Je dis souvent en blague que j’ai acheté la terre et que la fille venait avec», lance M. Bouffard en souriant.

Ce dernier affirme qu’au départ, il a craint que la passion qui l’habitait lui fasse manquer l’enfance de ses enfants. «J’avais terriblement d’ambition, jusqu’à ce que les enfants commencent à aller à l’école. Je trouvais que la ferme prenait trop d’importance, mais finalement, ça s’est fait naturellement», explique-t-il.

Mme Carrier renchérit, faisant valoir qu’au contraire, l’arrivée des enfants a amené l’entreprise encore plus haut. «Ne pas les avoir eu, on aurait arrêté ça avant. Chaque fois qu’un nouveau arrivait, Alain disait qu’il avait une nouvelle idée de projet», dit-elle.

Ces projets dont Pauline Carrier parle, ils ont, selon elle, souvent sauvé l’entreprise. Production de bœuf sans hormones, de lait (auparavant), de foin, de bois, de céréales et même de sirop d’érable à plus petite échelle, ainsi que le transport d’animaux sont quelques-uns des domaines de la Ferme Bouffard et cie. «La diversification nous a toujours sauvés. Quand un domaine allait moins bien, un autre compensait», observe-t-elle.

Des fermes ont donc été achetées au fil des ans un peu partout dans la région, ce qui a également permis d’agrandir le nombre d’acres. Non moins de 250 000 balles de foins sont actuellement produites annuellement (sans compter le foin pour les animaux de la ferme), alors qu’environ 1700 têtes, dont 650 vaches, font partie du troupeau.

Le couple est également actuellement propriétaire de trois boucheries «Face de bœuf», situées respectivement à Ayer’s Cliff, Bromptonville et Rock Forest. Un local de découpe/transformation prendra aussi bientôt place à côté de la boucherie située à Rock Forest.

Une relève assurée

Mme Carrier et M. Bouffard sont heureux d’avoir réussi à transmettre leur passion à leur famille, qui compte désormais non moins de 41 petits-enfants. «Je voudrais bien transmettre ça à mes petits-enfants, et je crois qu’il y en a déjà plusieurs qui aiment venir travailler avec moi. Il ne faut pas prendre ça trop au sérieux non plus. L’agriculture a toujours été un plaisir pour moi, ça a tellement passé vite», témoigne Alain Bouffard.

C’est justement vers 2003, quand ils ont vu que leurs enfants avaient aussi de l’intérêt pour la ferme, que l’entreprise a commencé à prendre beaucoup d’expansion. «On a commencé à acheter plus de terrains. C’est une grande fierté de voir qu’ils ont eu aussi le goût de l’agriculture. On dit que quand on aime notre métier, on est supposé le transmettre», continue Pauline Carrier.

Plus de 40 ans après leurs débuts, le couple a visiblement gardé la passion du métier. «On a quelques bobos, mais dans notre tête, on pourrait continuer. C’est aussi plaisant de regarder derrière, car quand on a commencé, on n’aurait jamais pensé qu’on en serait là aujourd’hui. C’est l’amour du métier qui nous a guidés», de conclure Mme Carrier.

 

Le PDG de la Financière agricole en visite dans la région

AGRICULTURE. Le président et directeur général de la Financière agricole du Québec (FADQ), Ernest Desrosiers, était de passage dans la région, mardi dernier (15 août). Il en a profité pour visiter la Ferme Bouffard, à Hatley et Barnston-Ouest, afin de discuter avec les propriétaires des enjeux actuels de l’agriculture et découvrir leurs installations.

M. Desrosiers affirme trouver important de visiter différentes fermes dans la province afin d’avoir une image claire de ce qu’est l’agriculture actuelle, et ainsi en cerner les différents besoins. «La mission de la FADQ est de soutenir et de promouvoir l’agriculture, alors pour que nos produits et services correspondent aux besoins des agriculteurs, il faut connaître ces derniers et être au courant de la façon dont l’agriculture évolue», indique-t-il.

Selon le PDG, la Ferme Bouffard est un bon exemple de cette évolution et du changement constant que l’on retrouve dans le domaine. «C’est une ferme d’une grande dimension, qui est également très diversifiée. On peut y remarquer la présence et l’importance de la technologie. Elle incarne l’innovation, mais aussi la continuité, car la relève y est assurée», de poursuivre Ernest Desrosiers.

Une saison «dans la moyenne» en Estrie

Cette année, à l’échelle du Québec, certaines régions ont été inondées, tandis que d’autres ont connu la sécheresse.  Dans la région, la situation n’a pas été aussi extrême, observe M. Desrosiers. «Ici, je vois que certaines cultures sont un peu en retard. Certains champs sont beaux, tandis que d’autres le sont moins, mais globalement, je crois que l’Estrie s’en tirera avec une année que je qualifierais de moyenne, avec une certaine variabilité dans les résultats», dit-il.

Pour ce qui est de la valeur des terres agricoles, qui a connu une croissance importante au cours des dernières années, ce dernier croit qu’une baisse du rythme d’augmentation approche. «Ça continue de croître, mais on s’aperçoit que le rythme ralentit. Je pense que c’est une bonne chose, parce que les terres ne peuvent pas monter de 15 à 20 % indéfiniment, sans quoi ça créerait une distorsion. Ça a un impact sur les coûts de production de ceux qui veulent acquérir», mentionne le représentant de la FADQ.

Ernest Desrosiers réitère l’importance des agriculteurs et de leur ambition. «Ce qui va faire la différence pour les organisations qui vont réussir à se développer, c’est le talent  et l’expertise des agriculteurs,  leur audace, leur capacité d’investir et de servir des marchés nouveaux. Ils sont confrontés à un lot de variables et ils doivent être aptes à composer avec celles-ci», conclut-il. (C-A.R)