«Une émotion planétaire» – Linda Giguère

FUSILLADE. La Magogoise Linda Giguère, chef d’antenne à Paris, avoue avoir retenu ses larmes lors de la minute de silence vécue à travers le monde en hommage aux victimes de la tuerie chez Charlie Hebdo. Une émotion planétaire, selon elle.

Par Maryse Mathieu

 

Pour qualifier l’ampleur du bouleversement mondial provoqué par l’assassinat de 12 membres de l’hebdomadaire satirique, Linda Giguère, présentatrice du Journal Afrique à TV5 Monde, cite en exemple la une du journal Le Monde au lendemain de l’événement : «Le 11 septembre français».

Avec près de 9 millions de messages Twitter sur la tuerie en moins de 24 h, plus de 103 000 articles dans les journaux et sur le web, le «tsunami» a secoué beaucoup plus que le cœur de la France. Plusieurs ont exprimé que l’acte terroriste a affecté tout ce qui rejoint la liberté d’expression, tout comme l’égalité des peuples.

«On est très touchés en France par les hommages qui viennent du monde entier. On est à fond dans l’émotion», raconte Mme Giguère. Elle remarque que le jour de l’événement, c’était le choc et, le lendemain, presque tous ne pouvaient retenir leur tristesse.

«Moi, j’ai eu peur ce matin en me réveillant. Beaucoup plus triste qu’hier. La plupart de mes collègues aussi», témoigne celle qui vit en France depuis près de 20 ans, mais qui revient régulièrement visiter sa famille à Magog.

Sécurité accrue

La hausse de mesures de sécurité avec présence militaire peut certainement avoir contribué à ébranler davantage la population. Dans les heures suivant le drame, Mme Giguère et ses collègues ont été confinés à leurs locaux, rideaux fermés et policiers devant l’entrée.

Le lendemain, c’était encore plus sévère. Le stationnement du média ne lui était plus accessible. «La porte ne s’ouvrait pas. Un gardien de sécurité m’a demandé d’ouvrir mon coffre. Chaque voiture était contrôlée», témoigne-t-elle.

La dame de l’écran mentionne que les caricaturistes tués étaient parfois invités sur les plateaux de TV5. «Wolinsky était un habitué. Cabu aussi», dit-elle, soulignant que les Français ont beaucoup d’humour, ce qui leur permettait d’apprécier la satire de Charlie Hebdo. C’est même avec assurance qu’elle prévoit que la tragédie ne changera pas sa façon de travailler. «Il ne faut pas se taire. Ça ne va pas s’arrêter là», croit-elle.