Troubles mentaux : les chiffres ont doublé chez les jeunes

SANTÉ. Santé publique de l’Estrie a présenté mercredi son rapport sur l’état de santé mentale de notre population. Première constatation: la situation est alarmante dans la région.

Par Cynthia Dubé

Intitulé «Prioriser la santé mentale et le bien-être en Estrie : sept défis à relever ensemble», ce premier rapport de la Direction santé publique de l’Estrie lève le voile sur une situation pour le moins alarmante. Selon les chiffres d’avant la fusion des établissements de santé en Estrie (2011-2012), notre région est désavantagée par rapport au reste du Québec.

Réaction du psychiatre Trudel.

«Sur les 18 régions du Québec, l’Estrie figure comme étant la région numéro un concernant la prévalence des troubles mentaux. Le nombre de cas de troubles mentaux diagnostiqués est estimé à 13, 4%. Ce qui revient à dire qu’une personne sur sept, tous âges confondus, est atteinte d’un trouble mental en ce moment même. On parle d’environ 40 000 personnes», indique Dre Mélissa Généreux, directrice de santé publique Estrie.

Les chiffres les plus inquiétants concernent la hausse des cas de schizophrénie en Estrie, ainsi que la hausse des troubles mentaux chez les jeunes. «Chez les jeunes de moins de 17 ans, la prévalence des troubles mentaux a doublé au cours des dix dernières années, passant de 5,2 à 10,6%. Cette tendance est aussi observée ailleurs au Québec, mais de manière moins prononcée. Chez les adultes et les aînés, les tendances sont relativement stables dans le temps. En ce qui a trait à la schizophrénie, il y a une hausse impressionnante en Estrie. Les chiffres ont doublé. D’ailleurs, notre région figure parmi les deux premières régions les plus touchées en ce qui a trait à la schizophrénie, le trouble de personnalité (borderline), la dépression et l’anxiété», s’inquiète Dre Généreux.

Le chef du département de psychiatrie du CHUS, Dr Jean-François Trudel, s’est d’ailleurs empressé de dire «qu’à la vue de ces données inquiétantes concernant la schizophrénie, une enquête spécifique semblait nécessaire.»

Sept grands défis identifiés

Le rapport, de tout près de 80 pages, ne désigne pas de facteurs bien précis pour expliquer cette situation alarmante en Estrie, bien que le sous-financement et la situation socio-économique soit mises de l’avant. Par exemple, la docteure Mélissa Généreux souligne qu’un haut niveau socio-économique réduirait de trois à quatre fois les chances d’avoir un trouble de santé mentale.

Autre facteur important; la résilience. «Ce qu’on observe, c’est que les gens qui sont dotés d’une résilience plus élevée ont quatre fois moins de chance de présenter des troubles anxieux ou d’humeur et 14 fois moins de chance de présenter des troubles de santé mentale. Si on veut agir sur la santé globale de la population, c’est certainement un concept intéressant à intégrer.»

À la suite des résultats du rapport, un plan d’action comprenant sept grands défis a été mis en place par la Direction de santé publique. Les sept points importants sont :

– Réduire les silos;

– Soutenir les liaisons clinique-communauté;

– Informer pour mieux agir;

– Dresser le bilan des meilleures pratiques en amont;

– Améliorer les ressources psychologiques et spirituelles;

– Réduire la pauvreté et l’exclusion sociale;

– Soutenir le développement des communautés.

 

Le rapport complet est disponible au : www.santeestrie.qc.ca.