Surveillance policière aérienne: mythe ou réalité?

Les pancartes «surveillance aérienne» font partie du paysage des autoroutes du Québec. Cependant, ne sont-elles que de simples outils pour dissuader les conducteurs au pied pesant ou existe-t-il réellement des opérations policières du haut des airs?

Les citoyens qui prenaient ces avertissements avec un grain de sel jusqu’à présent doivent se considérer bien chanceux de s’en être sorti sans tâche à leur dossier. Puisque oui, il existe bel et bien de la surveillance aérienne menée par la Sûreté du Québec.

La région de l’Estrie, incluant Memphrémagog, a d’ailleurs fait partie d’un projet pilote en ce sens, de 2010 à 2012, en compagnie d’autres régions comme Chaudière-Appalaches, la Montérégie et le Saguenay?Lac-Saint-Jean. L’objectif était de voir la nécessité d’investir de nouveau dans la surveillance aérienne après des années d’inexistence dans ces secteurs.

«Le policier qui prend place à bord de l’avion en compagnie d’un pilote dispose d’une vision différente que celle des patrouilleurs au sol, explique la porte-parole de la Sûreté du Québec, l’agente Aurélie Guindon. Le policier peut cibler, du haut des airs, des comportements délinquants spontanés et flagrants comme des dépassements sur l’accotement, un demi-tour interdit, la vitesse, des dépassements successifs en zigzag et même un véhicule qui en suit un autre de trop près.»

Évidemment, ce n’est pas l’opérateur qualifié pour faire de la surveillance aérienne qui procède à l’arrestation des conducteurs ayant commis une infraction au Code de la sécurité routière. Celui-ci fait appel à des policiers intercepteurs avec lesquels il est en communication constante durant l’opération. De l’avion, il va, par exemple, confirmer au patrouilleur qu’il s’agit du bon véhicule avant de lui fournir la vitesse, l’heure de l’infraction et le numéro de dossier. Pour éviter des complications devant les tribunaux, le surveillant aérien ne doit jamais quitter des yeux le véhicule appréhendé entre la lecture de sa vitesse et son interception, ce qui élimine toute erreur possible d’identification du véhicule.

Un radar à 2500 pieds du sol?

Pour calculer la vitesse d’un véhicule ciblé, un contrôleur aérien ne peut pas utiliser un radar conventionnel étant donné qu’il se retrouve à une altitude de 2000 à 2500 pieds du sol.

Il dispose plutôt de chronomètres qu’il déclenche lorsque le véhicule ciblé atteint une zone composée de triangles jaunes peints spécialement sur la chaussée pour permettre à l’opérateur d’évaluer avec précision la vitesse. Le tronçon en question doit être également en ligne droite et d’une longueur minimale de deux kilomètres.

Au moins un coupable

Il n’a pas été possible de connaître le nombre exact d’arrestations effectuées dans la région de Memphrémagog durant les deux années du projet pilote.

Cependant, l’agente Aurélie Guindon a confirmé que les résultats n’ont pas été suffisamment concluants en Estrie pour implanter la surveillance aérienne de façon permanente. «Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en aura plus jamais. Il peut toujours y avoir des opérations isolées, et ce, à longueur d’année», prévient-elle.

Ce qui est certain, c’est qu’au moins un automobiliste s’est fait coincer à ses dépens par un policier qui survolait l’autoroute 10 en juillet 2010. D’après un jugement rendu public en décembre dernier, on peut lire que le défendeur a été appréhendé par un surveillant aérien à une vitesse de 169 km/h près de Magog. La version du conducteur fautif n’a pas convaincu la juge Sylvie Desmeules de la Cour du Québec qui l’a condamné à une amende de 810 $ excluant les frais.