Samuel revient de loin… encore une fois

CERVEAU. Samuel Lessard-Goyette possède le courage d’un battant et la zénitude d’un sage. Voilà deux qualités qui lui ont été utiles au cours des dernières semaines, alors qu’il a frôlé la mort à quelques reprises.

Atteint d’une malformation au cerveau, le Magogois de 20 ans a subi une délicate opération au CHUS de Fleurimont, le 9 décembre dernier, afin de retirer la masse indésirable.

L’intervention a nécessité une dizaine d’heures et a semé l’inquiétude parmi ses proches, qui ont finalement poussé un soupir de soulagement après avoir vu les résultats.

«La malformation a été retirée à 100% et on regarde maintenant vers l’avant. Mais, j’avoue que c’était très stressant. Sam a même été obligé de remplir toutes sortes de papiers et de faire son testament, au cas où ça n’aurait pas bien tourné», a raconté son père Bernard Goyette.

Il faut préciser que les semaines avant l’opération ont aussi été fertiles en émotions. Une première intervention, effectuée le 13 novembre et servant à cautériser les vaisseaux sanguins, a d’abord apporté son lot de complications. «Cette intervention a été très longue, et deux heures après qu’elle eût été terminée, il a fait une hémorragie cérébrale. Ils ont retiré une partie de sa boîte crânienne et ils l’ont remise en place quelques semaines plus tard, à l’aide d’une centaine d’agrafes. Chaque fois, il aurait pu y rester», ajoute M. Goyette.

Mauvais souvenirs

Le plus récent épisode médical de Samuel a rappelé de douloureux souvenirs au principal intéressé ainsi qu’à son entourage.

Il y a une douzaine d’années, alors qu’il était âgé de neuf ans, il avait subi une première opération pour éliminer une malformation au cerveau. Il avait à l’époque passé trois mois aux soins intensifs et subi plusieurs problèmes de santé, notamment des crises d’épilepsie et une paralysie – toujours présente – du côté droit de son corps. «Malgré toutes ses épreuves, Samuel ne s’est jamais plaint. Sur son étage à l’hôpital, il était même la coqueluche en raison de sa bonne humeur. Il pourrait servir d’exemple à bien des gens de notre société qui s’en font avec des peccadilles», donne en exemple Bernard Goyette.

Réapprendre les conjugaisons

De retour à son appartement après avoir passé quelques semaines de convalescence chez sa mère, Samuel Lessard-Goyette est prêt à entamer une nouvelle vie de façon autonome. Une vie qu’il partage maintenant avec sa jeune chienne Brownies, qu’il a eu le bonheur d’adopter au début du mois de novembre.

Il devra toutefois composer avec certains dommages collatéraux engendrés par son opération.

Sa parole est notamment affectée puisqu’il éprouve une certaine difficulté avec les conjugaisons de verbe et les genres de certains mots. «Je sais si un mot est masculin ou féminin, mais mon cerveau est incapable de donner la commande pour le dire correctement. J’ai beaucoup plus de facilité en écrivant qu’en parlant, puisque je peux prendre plus mon temps», admet le courageux jeune homme.

Armé de sa volonté et d’une bonne dose de patience, il entamera bientôt un programme de réadaptation afin de regagner les acquis perdus au cours des dernières semaines. «Le pire est derrière moi et je veux maintenant regarder vers l’avant. Une fois ma réadaptation terminée, j’aimerais prendre un cours d’informatique pour, peut-être, pouvoir travailler dans ce domaine éventuellement. L’un de mes rêves serait aussi d’avoir un jour une voiture adaptée à ma condition. On va toutefois y aller une chose à la fois», a-t-il sagement conclu.