Pont Champlain: les entreprises de camionnage sont inquiètes

CIRCULATION. La perspective de plus en plus réelle d’implanter un mode de péage pour accéder à un nouveau pont Champlain suscite de vives inquiétudes au sein des entreprises de camionnage.

TC Media a tâté le pouls auprès de quelques entreprises de la région afin de connaître leurs états d’âme. «Je ne sais pas encore combien que ça va coûter, mais je sais une chose, c’est la compagnie qui va devoir absorber les dépenses reliées au péage. Très difficile pour nous de refiler la facture à nos clients», indique Réjean Vallières, propriétaire de la compagnie Transport Georges Bourdeau de Magog.

Cette entreprise de camionnage mise sur 18 camions, dont cinq effectuant le trajet Magog-Montréal tous les jours.

Selon un scénario déjà largement diffusé, il appert qu’il en coûterait 3,90 $ par passage (auto) si le nouveau pont Champlain coûte 5 milliards de dollars. Pour les camions-remorques, on peut facilement prévoir le double de ce montant, soit 8 $ pour un accès. Avec cinq camions par jour à Montréal (16 $ pour un aller-retour), la facture additionnelle sera lourde au bout de l’année…

Réjean Vallières mentionne que l’idée d’effectuer un détour et emprunter un autre pont ne sera pas plus économique. «On va le payer en temps et en pétrole, fait-il valoir. En bout de ligne, ça va nous coûter tout aussi cher. Quand un camion-remorque est bloqué dans un bouchon de circulation, ça revient à dire que tu paies ton gars à ne rien faire. Ce n’est pas productif, c’est long, c’est démoralisant pour le camionneur. C’est sans compter qu’en raison de tous ces délais, le camionneur ne sera peut-être pas en mesure d’effectuer toutes ses livraisons. Elles devront donc être faites le lendemain. Ce sont des coûts qui s’ajoutent.»

Pour illustrer les impondérables routiers du pont Champlain, Réjean Vallières indique qu’il n’est pas plus long pour un camion de franchir la distance Magog-Montréal que de simplement passer le pont Champlain à l’heure de pointe…

Réjean Vallières n’ose même pas imaginer les impacts que va générer la construction simultanée de l’échangeur Turcot et le pont Champlain. «On peut s’attendre à une congestion monstre, ça va être le bordel», dit-il à travers un long soupir…

Profits à la baisse

Le gérant du terminal de la compagnie New Penn (Stanstead), Benoit Tremblay, répète sensiblement les mêmes propos. Sur dix camions qui vont à Montréal chaque jour, sept empruntent le pont Champlain. Ça représente donc une dépense de plus de 20 000 $ par année juste pour accéder à cette infrastructure routière.

«Et on ne peut pas commencer à dire à nos chauffeurs de prendre un autre pont, ça va être bloqué partout, les délais d’attente vont augmenter, ça ne sera pas mieux», mentionne Benoit Tremblay.

Ce dernier estime lui aussi qu’il n’est pas approprié de refiler cette dépense aux clients. «Il suffit qu’une compagnie décide d’absorber cette dépense pour que les autres soient dans l’obligation de suivre le courant. Ça va être une autre dépense pour nous. Notre marge de profits va toujours vers le bas.»

À l’instar de son confrère de Magog, Benoit Tremblay appréhende le pire si les camionneurs doivent conjuguer à la fois avec les projets de l’échangeur Turcot et le pont Champlain.

«Mais ça donne rien de trop planifier à l’avance, mentionne celui-ci. Ça va prendre de quatre à cinq ans à construire. On va commencer à calculer quand on va être rendu au… pont.»