Plus le temps passe plus c’est pareil

En 1991, j’étais président de la Chambre de commerce et d’industrie Magog-Orford avec 504 membres. Le maire de Magog était Paul-René Gilbert et le député provincial était Robert Benoit. Au fédéral, c’était Gabrielle Bertrand.

Je viens de découvrir dans une boîte souvenir des copies du journal Le Reflet du Lac et du journal La Tribune.

Messieurs les promoteurs, en 1991, à titre de président de la Chambre de commerce, je déclarais dans un article du journaliste de La Tribune, Gilles Dallaire : «qui que l’on soit, on est toujours plus empressé à combattre un projet qu’à le défendre». Cette culture de la population n’a pas changé en 2016.

Tout comme en 1991, l’idée d’un référendum sème toujours la division à Magog. Gilles Dallaire, le 11 avril 1991, concernant le site de Lumberland, là où est construite l’épicerie Métro, écrivait : «l’idée du référendum sème la division à Magog.

À l’été 1991, je déclarais à titre de président : «cessons de mettre sur la place publique nos problèmes, nos bobos et unissons-nous à vendre notre si belle région Magog-Orford. Que l’on ait bâti trop d’hébergement, ça c’est du passé. Organisons-nous tous ensemble à inviter les gens du Québec et les gens de l’extérieur à venir chez nous. Municipalités, hôteliers, restaurateurs, industriels, commerçants, A.T.E, et autres intervenants, je vous dis unissons-nous et mettons sur pied un plan de communication pour vendre la région Magog-Orford. La situation n’est pas pire chez nous qu’ailleurs. Elle est difficile partout.»

Guy Madore, alors journaliste au Progrès de Magog, écrivait le 21 septembre 1991 que «suite à la requête de la Chambre de commerce, de la SIDAC de Magog et des Galeries d’Orford, la Ville de Magog vient de demander au gouvernement provincial une nouvelle exemption à la Loi sur les heures d’affaires pour permettre aux établissements commerciaux du territoire d’ouvrir notamment le dimanche.»

Cette requête d’ouvrir les commerces le dimanche fut accordée par le ministre Gérald Tremblay.

Dany Jacques, journaliste au Reflet du Lac, écrivait dans le journal du 18 novembre 1990 : «À Magog, les chances d’un «factory outlet» majeur diminuent. Michel Cimon et Pierre Bolduc, coactionnaires de la firme Estridev souhaitaient implanter un «factory outlet» dans l’édifice le Moulinier de Magog. Dany Jacques écrivait «les commerçants dans l’ensemble, craignent justement de voir dans les magasins d’usine la même marchandise que la leur, mais à un coût moindre»

Nous vivons présentement une période de récession économique. Beaucoup de locaux sont vides sur la rue Principale et sur la rue Sherbrooke à Magog. En 1991, le Reflet du lac rapportait que les commerçants au détail s’en sortaient amochés. Beaucoup d’espaces commerciaux étaient vides. À titre de président de la CCIMO je déclarais à cette époque «qu’en période de ralentissement économique, les gens devraient pas s’isoler, mais plutôt s’entraider, créer et encourager l’économie locale dans cette remontée qui s’amorce».

Aujourd’hui, les dossiers «chauds» que nous retrouvons à Magog sont : l’Îlot Tourigny, la construction d’un édifice à bureau, la suspension de deux cadres à l’hôtel de ville, la rénovation future de la rue Principale, quoi faire avec le site de 1 700 000 pieds carrés de terrain de la Dominium Textile et j’en passe.

Messieurs les promoteurs, L’Espérance, Bélanger, Bolduc, Leblanc,

Bertrand et autres, ne nous quittez pas, notre économie a besoin de vous. Depuis la fermeture de nos grandes industries à Magog, où vont ou iront travailler nos jeunes?

Messieurs les promoteurs, là où il y a de l’homme, il y aura toujours de l’hommerie. Certains oublient facilement que l’environnement peut et doit se marier à l’économie, voilà l’effort que l’homme doit faire en ce siècle.

Là où nous pouvons changer, améliorer la façon de faire de nos décideurs, c’est de se voter des politiciens compétents, intègres, capables de décider sans toujours demander à la population quoi faire, ce qui paralyse souvent nos élus à agir. Les politiciens ont peur d’avoir peur. Pourtant, nous les avons élus pour décider et non consulter.

Là où nous pouvons aussi changer, améliorer la façon de faire de nos décideurs, c’est de rendre nos hauts fonctionnaires responsables de leur décision; nous devons arrêter de leur signer des contrats en béton à toute épreuve qui leur permet de décider à la place des élus, souvent en les contrôlant, et cela pas toujours démocratiquement.

Nous remarquons à la lecture de ce texte que même si les causes sont différentes, 25 ans plus tard, l’homme n’a pratiquement pas évolué quant à sa façon de faire; son intérêt personnel prime dans chaque situation.

Plus le temps passe plus c’est pareil, malheureusement.

 

Me Laurent Pelletier, avocat à la retraite

laurent@laupel.com