Place Tourigny: voir au-delà du béton

CENTRE-VILLE. La Place Tourigny est sur toutes les lèvres depuis son dévoilement, la semaine dernière. Favorables ou non à sa construction, tous sont conscients que cette bâtisse modifiera à jamais le paysage dans ce secteur de la ville. Mais pour André Métras de Magog Technopole, il faut voir au-delà du béton pour bien comprendre tout le potentiel que recèle ce projet pour l’économie magogoise.

Ce projet est l’aboutissement d’un rêve devenu réalité pour le directeur général, en poste depuis deux ans et demi. Une période au cours de laquelle il a multiplié les rencontres avec son équipe afin de mettre Magog sur la carte du monde des Technologies de l’information et de la communication (TIC).

Des efforts qui ont porté leurs fruits alors que depuis 2013, ce sont 27 entreprises technologiques de différentes tailles, représentant plus de 200 emplois, qui sont débarquées en ville. Certaines sont en démarrage, mais la majorité est bien établie avec un nombre varié d’employés. D’ailleurs, le manque de main-d’œuvre se fait déjà sentir.

«Il y a une difficulté bien réelle à l’heure actuelle. Il manque des travailleurs de qualité. Juste chez NovaDBA par exemple, ils auraient besoin d’ajouter 14 professionnels à leur équipe pour livrer de gros contrats. D’où l’importance d’être encore bruyant, agile et crédible pour attirer la relève chez nous.»

Un outil puissant

Voilà que la Place Tourigny s’avère être un outil de choix pour entreprendre cette opération charme à travers le Québec. Il se veut, aux yeux de M. Métras, une preuve concrète du sérieux de Magog à devenir un véritable pôle d’attraction des TIC. «Pour être crédible et se faire une niche dans ce domaine, il était essentiel de passer à une autre vitesse, en créant un environnement d’accueil pour faire rayonner la communauté. Honnêtement, c’est tout un message qu’on lance avec ce projet», ajoute M. Métras.

Au-delà de ce nouveau lieu de travail, la Place Tourigny se veut le point d’accrochage autour duquel un nouvel écosystème pourra se développer. «Il y aura des retombées socio-économiques importantes tout autour. On parle de 150 travailleurs qui vivront tours les jours dans le quartier, que ce soit pour manger, bouger et rencontrer des gens. Dans les TIC, ce sont les travailleurs qui choisissent leur employeur et non l’inverse, donc la qualité de vie est un critère primordial et à ce niveau, Magog a tout pour plaire.»

Les deux pieds sur terre

Conscient que ce changement peut être intimidant pour les résidants du secteur, André Métras croit qu’il faut être ouvert aux changements porteurs de sens et d’avenir. «Il faut oser et se faire confiance. Il y a trois ans, on ne parlait même pas de TIC à Magog et voilà qu’aujourd’hui, on devient une référence. L’important, c’est d’avancer un pas à la fois, de manière structurée, sans trop se projeter dans le temps. Il faut agir de manière réfléchie et inclusive avec la population.»

Pour l’instant, il ne voit pas comme un problème le fait que les trois étages de 8000 pieds carrés chacun, de la future Place Tourigny, affichent déjà presque complet. Précisons que le rez-de-chaussée servira d’espace commercial pour un resto notamment et Magog Technopole occupera 5000 pieds carrés, à un prix de location moindre que les entreprises. «S’il manque de locaux, on regardera en temps et lieu les possibilités tout autour. Actuellement, il y a de la place disponible à l’ancien Boréalis et à la Place du Moulinier. Ce sont des actifs existants qui pourraient peut-être faire l’affaire. Il suffit d’être créatif.»

Pourquoi pas à la Dominion Textile?

Même si le projet a été accueilli par un vent favorable, certaines personnes ont pointé du doigt l’architecture trop moderne du bâtiment, qui sera érigé aux coins des rues Principale Ouest et Saint-Patrice Ouest. D’autres croient que ce projet aurait mieux cadré à l’ancienne Dominion Textile, plutôt qu’à l’entrée du centre-ville.

Pour André Métras, l’argent est la principale raison qui explique cette décision. «À la Dominion Textile, c’est quand même 1,5 million de pieds carrés. Même à Montréal, ce ne serait pas facile de trouver un investisseur à la hauteur du projet, alors imaginez à Magog. Juste à la Difco et la Consoltex, il aurait fallu investir minimalement 100 M$ pour décontaminer et rénover. C’était trop gros et beaucoup trop risqué pour l’instant», ajoute M. Métras.

De plus, le gestionnaire ajoute que les délais de construction auraient été beaucoup plus longs, ce que Magog ne pouvait pas se permettre à l’heure actuelle. «On se devait absolument de réaliser un projet à la vitesse grand V. On espère vraiment que la Place Tourigny sera livrée dans les échéanciers, soit à l’automne 2016», soutient M. Métras, en précisant que le projet à la Dominion Textile demeure, malgré tout, dans les cartons.

 

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