Pionnières des temps modernes

Il faut être doté d’une force physique et mentale hors du commun pour exercer le métier de pompier, une profession qui carbure à l’adrénaline et aux sensations fortes. C’est encore plus vrai pour une femme qui se retrouve plonger dans un milieu de travail traditionnellement occupé par des hommes. Une réalité qui n’a pourtant pas freiné les ambitions de Christine Bélanger et Sabrina Plourde qui sont les deux premières et seules pompières du Service de sécurité incendie de Magog.

Même si elles ont chacune mené leur propre parcours pour se rendre où elles en sont aujourd’hui, Christine et Sabrina ont passé pratiquement par les mêmes gammes d’émotions dans leur cheminement scolaire et professionnel. Déjà, en arrivant sur les bancs d’école, elles ont vite compris qu’elles ne bénéficieraient d’aucun traitement de faveur au sein de leur cohorte où la testostérone régnait en maître.

«Le passage à l’école a vraiment été le plus difficile pour moi, raconte Mme Plourde qui a été la première pompière à être embauchée à Magog en 2009. On se retrouve en minorité avec de jeunes hommes, dont certains moins matures, qui veulent se prouver et te prouver qu’ils sont les meilleurs. C’était un milieu très macho. Mais lorsque tu veux faire ce métier, tu sais dans quoi tu t’embarques et ça fait partie du processus.»

N’ayant eu d’autre choix que de constamment prouver leur valeur, les deux pompières ont complété leur parcours académique avec une force de caractère redoutable. Une détermination qui leur a permis d’affronter le nouveau défi qui se présentait à elles au moment d’intégrer le marché du travail.

«Juste le fait d’arriver dans une caserne avec une toute nouvelle équipe composée en très grande majorité d’hommes, c’est déjà quelque chose d’assez particulier, admet Christine qui travaille également comme commis aux prêts à la Bibliothèque Memphrémagog. Pour me faire accepter, je me suis tenue tranquille en respectant les règles. Dans ce métier, que tu sois un homme ou une femme, lorsque tu es une recrue, tu te contentes de prendre la place qui te revient.»

«Pour ma part, il m’a fallu environ six mois pour m’adapter à mon nouveau travail, renchérit Sabrina. C’est un milieu où les liens sont tissés très serrés et ce n’est pas facile de s’intégrer. De fil en aiguille, j’ai fait mes preuves et aujourd’hui, je suis partie intégrante de mon équipe que je n’échangerais pour rien au monde.»

Il n’en demeure pas moins que les deux pompières seront possiblement confrontées à des préjugés et des stéréotypes tout au long de leur carrière, que ce soit dans leur milieu de travail ou lors d’interventions sur le terrain. Mais cet aspect de leur métier leur rappelle qu’elles sont des pionnières de leur époque et des modèles pour toutes les femmes qui souhaitent exercer un métier d’homme. «Nous sommes la preuve qu’il est possible comme femme d’aller au bout de ses rêves, quels qu’ils soient. Oui, il n’y a rien de gratuit et il faut travailler excessivement fort. Cependant, c’est en travaillant ainsi que l’on mérite ce qui nous arrive», concluent-elles avec le sourire aux lèvres.