Notre Ebola à nous

Je viens simplement réfléchir avec vous sur notre Ebola à nous: l’endettement de nos gouvernements et de notre endettement qui augmentent d’une façon exponentielle de jour en jour.

À tous les jours, nous sommes devant notre télévision et regardons l’épidémie Ebola qui sévit en Afrique. Après les nouvelles de la télévision, on se lève de notre fauteuil, on se prépare un souper comme si de rien n’était et comme si nous étions immunisés contre toute épidémie. C’est ailleurs que ça arrive, disons-nous; chez nous, tout va bien. Ce positif est dangereux, il nous empêche de voir la réalité.

Attention les amis, ne soyons ni positif ni négatif. Regardons simplement notre réalité en Amérique du Nord et plus précisément au Québec. Notre Ebola à nous, c’est l’économie. On estime que la dette du Québec augmentera de 9,3 milliards $ d’ici au 31 mars 2015, ou 25 millions $ par jour, ou 17 670 $ par minute, ou 294 $ par seconde.

Allez voir sur Internet, le compteur en marche, ça vous donne le vertige : http://www.iedm.org/fr/57-compteur-de-la-dette-quebecoise

À la vitesse ou la dette augmente, j’ai peur qu’on manque de chiffres.

Dans nos vies personnelles, lorsque nos dettes augmentent, nous sommes portés à réduire nos dépenses, ce que font également nos gouvernements. Pourtant, il y a aussi un autre moyen de baisser la dette, c’est-à-dire augmenter nos revenus. Nos gouvernements, ces temps-ci, ne font que nous parler de coupures de dépenses; c’est plus facile de couper que de créer des emplois. Je cherche quelqu’un qui a une vision et je n’en vois pas.

Ce qui nous fait mal présentement, c’est la disparition de nos grandes industries au profit de rien. On parle de milliers et de milliers d’emplois qui ont disparu et qui n’ont pas été remplacés. Je ne comprends pas que nos hommes d’affaires et nos politiciens n’aient pas pu voir cela venir. Par exemple, le patron de la Dominion Textile ne s’est pas levé un matin et dit : « bon c’est à matin qu’on ferme la shop et qu’on met 2500 personnes en chômage; on déménage en Asie où les employés nous coutent moins cher.»

Ceci étant dit, voyons l’impact que cela a créé chez nous. En Afrique, la prolifération de l’Ebola est dorénavant exponentielle de sorte qu’on ignore concrètement jusqu’où cette épidémie va aller. Une prolifération exponentielle c’est une croissance rapide et continue. Plus simplement, c’est la règle du 2, 4, 8, 16, 32, 64 etc., qui s’applique. Donc, combien de personnes vont-elles avoir l’Ebola dans une semaine, on ne peut pas le prévoir exactement. La croissance est trop rapide.

Notre Ebola à nous, c’est l’économie, c’est la dette. Nous sommes tous sujets à attraper cette maladie de l’économie. On aime dire que l’argent ne fait pas le bonheur. C est vrai, mais il peut rendre le malheur plus confortable, n’est-ce pas? Notre virus à nous, c’est l’endettement dû, entre autres, aux dépenses qui augmentent plus rapidement que les revenus. On ne se lève pas un matin et on se dit : «bon ce matin, je vais augmenter mes dépenses». Nos dépenses sont très souvent essentielles à notre vie la plus élémentaire : loyer, épicerie, habillement, essence, et nous n’avons même pas les revenus pour combler ces besoins élémentaires.

Le fossé s’élargit trop vite entre les biens nantis et les démunis. De nouvelles classes de moins nantis apparaissent dans notre société depuis quelques années. Les 65 ans et plus, les couples qui perdent ensemble leur emploi, les jeunes qui se cherchent de l’emploi, les diplômés universitaires qui ne trouvent pas de travail dans leur discipline, les personnes divorcées qui, mathématiquement, ne peuvent plus respecter leur budget, les retraités qui n’ont pas de fonds de pension et j’en passe. Je remarque que comme la maladie de l’Ebola, l’augmentation des moins nantis est également exponentielle. Elle croît rapidement.

Peut-être que nos politiciens ont raison de donner un coup de hache dans les fonds de pension des fonctionnaires de l’État, mais pourquoi se sont-ils exclus de cette coupure?

 

 

Me Laurent Pelletier, avocat à la retraite

laurent@laupel.com