Nicolet-Yamaska, paradis des cannabiculteurs

DOSSIER. Avec ses terres agricoles «de grande qualité», la MRC de Nicolet-Yamaska, dans le Centre-du-Québec, fait figure de proue en matière de production de cannabis au Québec.

Entre 2009 et 2013, près de 700 dossiers par 100 000 habitants ont été ouverts en moyenne dans la MRC de Nicolet-Yamaska, faisant de cette région, la championne incontestée de la production de cannabis.

Loin derrière, avec 333 cas rapportés par 100 000 habitants, suit la MRC d’Acton, en Montérégie, puis la MRC du Haut-Saint-Laurent (275), la MRC Pierre-De-Saurel (226) et la MRC de Bécancour (214). Fait à noter, le top 40 du palmarès réalisé par TC Media est entièrement composé de territoires desservis par la Sûreté du Québec, soit des territoires ruraux.

En 2009, Nicolet-Yamaska a atteint des sommets avec 1022 dossiers de production de cannabis par 100 000 habitants. Cela s’est traduit par quelque 101 000 plants de pot éradiqués dans le cadre des opérations Cisaille et Bouture.

Daniel Badeau, lieutenant de la Sûreté du Québec au poste de Nicolet-Yamaska, indiquait, en août 2013, à l’hebdo Le Courrier du Sud, qualifiait d’énorme cette prise. En 2012, 52 000 plants de marijuana ont été éradiqués.

Le pot, la clé de l’économie locale

Consciente de la problématique, qualifiée de fléau dans la région, la Sûreté du Québec a mis en place de nombreux efforts de concert avec des acteurs du milieu, notamment de la santé et de l’éducation.

Dans un document produit par le ministère de la Sécurité publique, qui relate les actions produites pour régler le problème de la production de cannabis de masse, les autorités parlent d’un «problème sociétal», «de terres agricoles de grande qualité» et d’une région où «la culture s’est tellement étendue au fil du temps qu’elle est devenue une activité banale».

Pis encore, «l’ampleur du problème est telle qu’en 2005, un élu a mentionné à la presse que la culture du cannabis était la clé de l’économie locale», lit-on dans le Bulletin d’information et de liaison sur la police de type communautaire, réalisé en 2010.

Force est cependant de constater que même si la production de cannabis a diminué depuis cinq ans, Nicolet-Yamaska demeurait quand même, en 2013, l’endroit au Québec où les policiers ont ouvert le plus de dossiers de production de cannabis par habitant, soit

495 dossiers par 100 000 habitants, loin devant la MRC de la Vallée-de-la-Gatineau qui prend le second rang avec 245 dossiers par 100 000 habitants.

Un fléau

Le sergent Hugo Fournier, porte-parole de la Sûreté du Québec Mauricie/Centre-du-Québec, indique que le programme Cisaille 2.0 est appliqué à la lettre dans sa région. «Il y a beaucoup d’efforts qui ont été mis, ce qui peut expliquer pourquoi il y a eu une augmentation de chiffres dans les dernières années et que ça revient tranquillement à la baisse.»

La lutte à la cannabiculture demeure un combat de tous les instants dans cette région où les terres agricoles sont visibles à perte de vue. «Il ne faut pas se leurrer, c’est un secteur qui est très agricole, très stratégique», ajoute le sergent Benoit Richard, porte-parole de la Sûreté du Québec. «Chaque année, les policiers vont dans les champs faire de l’éradication. On reçoit de l’information du public tous les jours. C’est un fléau, mais on ne le qualifierait pas de majeur nécessairement. C’est une préoccupation de tous», ajoute le sergent Fournier.

Les policiers et différents partenaires, dont les agriculteurs eux-mêmes, se sont unis au fil des ans pour bloquer la progression des cannabiculteurs, notamment avec la signature de contrats sociaux qui autorisent les policiers à avoir accès aux terres agricoles sans mandat. « Tous ensemble, ils ont dit non à ça et ont invité les policiers à éradiquer le cannabis. C’est un message clair qui a été lancé», soutient Hugo Fournier. Cette mobilisation, croit-il, a réduit l’insécurité reliée à la peur des représailles, brisant l’omerta.

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