Mont-Orford : proposition (presque) indécente

La semaine dernière, Gilles Bélanger, de Magog, faisait parler de lui dans tous les médias régionaux en répétant, entre autres : «si le Mont-Orford est à vendre, ça m’intéresse».

Il a dit plusieurs autres choses sur divers dossiers qui pourraient, à son avis, dynamiser l’économie de Magog et de sa région. Il y aurait lieu de jeter un regard critique sur l’ensemble de ses propos, mais pour parler spécifiquement du Mont-Orford, disons que j’ai été un peu effarouché.

M. Bélanger n’est pas le premier qui se présente avec des allures de Sauveur – même s’il dit ne pas se voir comme un Sauveur. Plusieurs autres avant lui sont venus nous annoncer leur Bonne Nouvelle et nous montrer leurs muscles intellectuels et financiers.

Où était ce monsieur lorsque la MRC cherchait une façon de relancer le Mont-Orford après qu’on eût tenté de le privatiser en partie? A-t-il, comme plusieurs personnes et groupes l’ont fait à ce moment-là, présenté à la MRC un mémoire résumant ses brillantes solutions d’avenir?

Et s’il est un homme d’action qui a une vision aussi claire de la façon dont Orford devrait se développer, pourquoi n’a-t-il pas déposé une proposition de relance comme d’autres entreprises l’ont fait? Trouvait-il le risque trop grand à cette époque? Les investisseurs potentiels qu’il pense pouvoir mobiliser aujourd’hui étaient-ils gênés de participer à un projet de relance avec lui parce qu’ils étaient eux-mêmes partisans d’une certaine privatisation du parc Orford?

Et quand M. Bélanger parle d’associer à son projet une personne comme André L’Espérance, n’est-il pas un peu gêné quand on sait que M. L’Espérance s’est retiré d’Orford, après son échec de privatisation partielle du Parc, en empochant plusieurs beaux millions du gouvernement québécois? Et si M. L’Espérance revenait dans le décor, serait-ce pour le plus grand bien de la région ou pour enfin vendre les terrains dont on dit qu’il est propriétaire dans le voisinage du domaine skiable?

Par ailleurs, comment se fait-il que la Corporation sans but lucratif créée par la MRC a réussi à rendre l’exploitation rentable après quelques années seulement? Il faut croire que la solution «tout au privé» n’était pas la seule possible! Pourquoi alors mettre de côté cette Corporation qui a fait ses preuves en laissant entendre, comme le fait M. Bélanger, que les gestionnaires actuels n’ont pas la vision et l’expertise pour relever les défis des prochaines années?

Depuis des décennies, le gouvernement québécois a, pour toutes sortes de raisons et dans toutes sortes de circonstances, fourni des millions de $ pour développer Orford. Pour la relance récente, les municipalités voisines ont investi des centaines de milliers de $. De ce fait, si M. Bélanger espère acheter un jour le Mont-Orford, il faudra qu’il plonge très profondément dans sa poche pour l’acheter à sa vraie valeur, en tout respect pour la population du Québec. Sinon, sa proposition de la semaine dernière, telle que formulée, est (presque) indécente. Fini le siphonnage de fonds publics!

Réplique de Gilles Bélanger.

Daniel Faucher

Eastman