Merci monsieur Maurice

«Bonjour monsieur Maurice », lui lançait ma grande fille de 10 ans; « Bonjour chère demoiselle », lui répondait-il à chaque occasion.

À une époque où les gens se voient, mais ne se regardent pas, où l’on se parle, mais on ne s’écoute pas, monsieur Maurice défiait la grisaille et l’indifférence.

Toujours élégamment habillé et arborant un chapeau noblement placé, son seul regard suffisait pour figer le temps et nous inviter à s’asseoir à ses côtés. Son portefeuille toujours à portée de main, c’est avec fierté qu’il nous montrait la photo de celle qui fut sa bien-aimée. À ses nombreux souvenirs de guerre, plusieurs anecdotes et confidences venaient se greffer.

Monsieur Maurice, tout comme plusieurs autres, ce n’est pas à titre de membre de la famille, d’ami ou encore de connaissance que j’ai assisté à vos funérailles. J’y étais – égoïstement – pour vous saluer une dernière fois.

Les gens de ma génération ne pourront jamais vraiment apprécier la valeur du courage que vous avez déployé au nom de notre liberté. Mais sachez, monsieur Maurice, que nous savons avec certitude le nombre de vies que vous avez marquées.

Car au-delà le tonnerre et les éclairs d’une guerre, vous avez su camoufler les cicatrices du passé. Et c’est avec le visage de la beauté – et de la bonté – que vous resterez à tout jamais gravé dans nos mémoires.

D’ailleurs, au moment de sortir de l’Église, lorsque les portes se sont ouvertes et que les rayons du soleil sont venus se poser sur votre cercueil pour vous envelopper, c’est en fredonnant « what a wonderfull world », de Louis Armonstrong, que je vous ai remercié.

I see skies of blue and clouds of white

The bright blessed day,

The dark sacred night

And I think to myself what a wonderful world.

Merci pour tout et bon repos monsieur Maurice.

 

Jérémy Parent

Magog