Magog vue par un expert en marketing

ÉCONOMIE. Le marché de l’alimentation est en pleine effervescence et la région ne fait pas exception. Depuis les dernières années, des dizaines de millions de dollars ont été investis dans ce secteur économique uniquement sur le territoire magogois, qui ne compte pourtant qu’en environ 26 000 habitants.

Le professeur de marketing à l’Université de Sherbrooke, Deny Belisle, n’est pas surpris par ces investissements massifs qui touchent plusieurs municipalités du Québec et du Canada. Selon lui, un des récents éléments déclencheurs de cette guerre commerciale a été l’annonce de l’arrivée de Target au pays, en 2011. «Dès ce moment, tous les gros joueurs ont injecté massivement de l’argent pour faire face à cette future concurrence. Ils ont amélioré leur surface de vente et offert un meilleur assortiment de produits. Cette rivalité concurrentielle importante est d’ailleurs au cœur de l’échec de Target.»

Avec des dépenses de plus en plus élevées, les principales bannières comme Metro, IGA et Provigo se retrouvent avec moins d’argent dans leur poche, comme l’explique M. Belisle. «Le retour sur l’investissement est évidemment moins important. À l’inverse, ce sont les clients qui en sortent gagnants avec des prix très avantageux», souligne-t-il.

Dans cette lutte sans pitié menée de front par de gros portefeuilles, les plus petits joueurs ont un défi de taille, soutient le professeur, soit celui de se démarquer. Et c’est encore plus vrai dans l’éventualité, par exemple, que le Wal-Mart de Magog pourrait devenir un supercentre avec des rayons d’épicerie. «Les petits joueurs qui survivront sont ceux qui auront réussi à se différencier en offrant des produits plus spécifiques, plus frais et plus locaux que les grandes surfaces qui misent plutôt, généralement, sur les prix compétitifs et les promotions.»

Il n’en reste pas moins que le commerce de détail est en constante évolution, d’où la nécessité d’être à l’écoute des besoins des consommateurs. En ce sens, il est impératif, d’après Deny Belisle, que le centre-ville de Magog se développe dans un esprit de complémentarité et d’homogénéité. «C’est important d’avoir un fil conducteur qui va assurer une certaine cohésion. Si une artère principale est plus hétérogène, ça ne donne pas le meilleur signal et une belle image. Il faut avoir des commerces semblables qui vont attirer, l’un et l’autre, une clientèle dont chacun pourra bénéficier.»

S’il faut tenir compte de retombées économiques générées par le tourisme, le professeur rappelle aussi que les hommes et les femmes d’affaires de la rue Principale ont tout à gagner à développer une trame commerciale qui apporte de l’eau au moulin, à longueur d’année. «L’arrivée prochaine de la boutique d’économie sociale, que je ne connais pas personnellement, pourrait s’avérer positive, à condition qu’elle soit aussi bien aménagée que les autres commerces. Tout doit être fait en harmonie pour que les visiteurs vivent une belle expérience d’un bout à l’autre de la rue. Ils ne doivent garder que de bons souvenirs», conclut Deny Belisle.