Line Nantel sourit à la vie

SANTÉ. Line Nantel revient de loin. Après avoir vu la mort de près en étant prisonnière d’un corps meurtri par la maladie de Lyme, voilà que cette résidante d’Orford est plus vivante que jamais grâce aux soins reçus à l’étranger au cours des derniers mois.

Son histoire en avait touché plusieurs en 2015 lorsqu’elle avait lancé un cri de cœur à la communauté. Un appel à l’aide qui avait trouvé écho alors que plus de 20 000 $ ont été recueillis pour financer en partie ses soins de santé, qui ont coûté au total environ 70 000 $. Un geste qui l’a touchée droit au cœur.

«Ça m’a vraiment donné l’élan dont j’avais besoin en me disant que je n’étais pas toute seule dans ce chemin pour retrouver la vie. Au-delà des sous, il y a tout l’amour et la compassion que les gens m’ont manifestés. J’en avais tellement besoin à ce moment-là, tellement», confie Mme Nantel avec beaucoup d’émotions.

De retour au Québec depuis le mois d’octobre, elle raconte avoir vécu une période excessivement éprouvante. Malgré qu’elle a été traitée «aux petits oignons» durant les trois semaines passées en Allemagne par l’équipe médicale du docteur Alexander Herzog, la femme de 62 ans avoue que la souffrance a été grande. «Il y a l’angoisse de ne pas savoir ce qui va se passer, la multitude d’examens, le fait d’être à endroit qu’on ne connaît pas, les nombreux déplacements et les traitements très intenses que l’on reçoit. Je vais bien aujourd’hui, mais j’étais très affaiblie à ma sortie de l’hôpital quand je suis retournée chez ma sœur en Californie, en juillet», se souvient-elle.

Sa sœur Vivanne Nantel a aussi été soignée au même moment en Allemagne puisqu’elle souffre d’une co-infection de la maladie de Lyme.

La bonne nouvelle pour Line est que les traitements ont freiné la progression de la maladie. Un grand soulagement pour cette battante qui s’accompagne de petites victoires au quotidien. Elle se sent moins essoufflée, elle marche plus rapidement, la rampe d’escalier n’est plus essentiel pour descendre un escalier et elle n’utilise plus de canne pour se déplacer chez elle. «J’ai repris 50% de capacité dans mes jambes, c’est énorme. Je dois malgré tout faire attention. Ma tête veut, mais mon corps ne suit pas toujours. Ma récupération va prendre au moins un an.»

Donner au suivant

Même si les prochains mois seront déterminants pour sa santé, Line Nantel ne veut pas concentrer ses énergies sur sa propre personne. Maintenant qu’elle en a la force, elle se dit animée par un profond désir de faire bouger les choses. Elle veut partager son expérience pour aider les autres et conscientiser la médecine d’ici à la maladie de Lyme.

«C’est terrible ce que j’ai vécu pendant huit ans. Notre système de santé m’a laissé à moi-même, sans jamais me donner de réponse et en me donnant l’impression que j’étais folle. J’ai dû me battre, faire mes propres recherches et partir à l’étranger pour être prise au sérieux et recevoir les soins appropriés. Ce n’est pas normal. Si j’étais restais ici, sans rien faire, c’était une mort à petit feu. Je me sentais déjà morte avant de partir, témoigne-t-elle.

«Il faut éveiller la conscience de la médecine au plus vite. Le Canada et le Québec sont à l’ère de Cro-Magnon sur la maladie de Lyme comparativement aux États-Unis et à l’Allemagne. Il y a urgence d’agir, surtout que la maladie est en forte progression et plusieurs personnes en souffrent, sans le savoir. Je veux que mon histoire soit entendue et qu’elle serve d’exemple puisque oui, il y a de l’espoir», assure-t-elle.