L’Estrie au second rang des incidents et accidents en santé

SANTÉ. L’Estrie figure au second rang du plus grand nombre de déclarations d’incidents et d’accidents, au prorata de sa population, soit 7,4%. Selon les données compilées par TC Media, parmi les quelque 12 000 cas de la région, une majorité de chutes et d’omissions de médication, sans conséquence.

Les rapports semestriels des incidents et accidents au ministère de la Santé peuvent avoir l’air alarmant avec plus de 1500 cas rapportés chaque jour dans les établissements de santé au Québec, soit plus d’un demi-million par année. Mais une panoplie de facteurs peut expliquer ces faits. D’abord en Estrie, la culture de sécurité et vigilance, invitant à déclarer le moindre incident, serait plus élevée. Le but? Éviter la récurrence ou d’autres conséquences.

C’est pourquoi on retrouve notamment dans les statistiques le moindre retard de médication d’un patient qui, malgré que le personnel soignant soit passé 2-3 fois pour s’assurer qu’il prenne son «calmant», a été distrait par la visite à son chevet. Dans ce cas, à qui la faute véritablement?

«On a entre 350 et 425 incidents/accidents associés à la médication à tous les six mois», soutient Lise St-Pierre, directrice de la qualité et des soins infirmiers au Centre de santé et de services sociaux de Memphrémagog (CSSSM). Ce nombre peut facilement quadrupler au Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) où on retrouve 1652 incidents/accidents du genre, entre le 1er octobre 2013 et le 31 mars 2014.

Toutefois, selon elle, la comparaison entre établissements n’est pas vraiment possible, puisque le nombre d’usagers, d’interventions et la lourdeur de la clientèle varient. Elle note qu’au CSSSM, le taux d’erreurs de médication est relativement stable à moins de 1%.

«C’est important d’encourager une culture de déclaration et non de blâme. Faire en sorte qu’on apprenne de nos erreurs», explique-t-elle, soulignant que si on punit les gens, on encourage plutôt les erreurs à se produire, car le personnel aura tendance à le cacher.

Les aînés les plus touchés

Sans surprise, plus de la moitié des événements surviennent chez les personnes âgées, principalement chez les 75 ans et plus. Parmi elles, les chutes et les erreurs reliées à la médication se suivent de très près avec, en moyenne, 35% de chutes et 31% pour la médication. Ces cas se produisent massivement à l’intérieur des murs des centres hospitaliers (CH) ou encore dans les centres hospitaliers de soins de longue durée (CHSLD), qui représentent aussi la grande majorité des établissements traitants.

«Nous, on a plus d’événements déclarés en CHSLD qu’en CH, contrairement au reste de la province, observe Olivier Lemieux-Girard, chef de services de la performance, qualité et communications, à l’Agence de santé de l’Estrie. Est-ce que c’est parce que nous avons plus de lits en CHSLD qu’ailleurs?»

Ainsi, près de 50% des données de l’Estrie proviennent des CHSLD et près de 35% des CH. Le reste est occupé par des établissements comme le Centre de réadaptation Estrie ou même le Centre Jeunesse de l’Estrie. (En collaboration avec Marc-André Pelletier)