L’auto-saboteur, l’auto-saboteuse

Je suis toujours surpris de voir les gens qui sont sur une erre d’aller positive ou une erre d’aller amoureuse se saboter eux-mêmes. Ils sont incapables de supporter ce bien-être soudain qui vient déranger leur vie de déni. L’Amour, ça dérange une vie. L’hamster leur dit : il fait beau, mais il va pleuvoir. Et là, on sabote cette situation de bien-être au lieu de se dire que même s’il pleut, il fera beau.

Quelqu’un a écrit que «l’auto-sabotage est l’ensemble de comportements et d’habitudes qu’une personne possède, qui l’empêchent d’avoir la vie à laquelle elle aspire. Ces comportements lui nuisent». Sa liberté d’être elle-même lui apparaît impossible.

L’auto-saboteur accepte une vie sans passion, sans amour véritable; il rêve constamment d’un changement de vie, d’une vie autre; mais il est incapable de regarder la réalité et d’agir. S’il tombe amoureux, par exemple, et qu’il a une décision à prendre, la chienne le prend et le petit hamster se met à l’œuvre. Le rêve sans action, sans décision, ça réconforte l’auto-saboteur.

«L’auto-saboteur est comparable à un virus interne : il crée la pagaille, la désinformation, le manque de clarté, la méfiance, le manque de confiance en nous-mêmes et avec les autres. Un des symptômes les plus importants est qu’il nous empêche de mener à terme les décisions que nous avons prises.»

L’auto-saboteur prend rarement la décision de terminer une relation ou une situation. Il fait en sorte que son comportement, son attitude changent, de sorte que c’est l’autre qui met à exécution la décision de terminer la relation ou la situation. le Bonheur passe et s’en va ailleurs; quand tu n’en veux pas du bonheur, il ne s’acharne pas, il s’en va voir ailleurs; comme dirait Deschamps, le bonheur hait l’auto-saboteur.

L’auto-saboteur vit sur des impressions, des jugements faciles qu’il s’invente pour se sentir en sécurité. Il ne vérifie pas l’exactitude de ses impressions, de ses jugements. Sa plus grande crainte, sa plus grande peur est de prendre connaissance de la réalité et de devoir agir, de devoir prendre des décisions.

La fuite n’est pas une prise décision, c’est plutôt un mouvement qui nous éloigne de la prise de décision. Faire face à la réalité, c’est déjà le commencement d’une recherche d’une paix intérieure, le seul endroit où le Bonheur existe, où le Bonheur est heureux. L’auto-saboteur croit que le Bonheur est toujours ailleurs et quand il est là près de lui, il en a peur et prend la fuite.

Au début, je faisais mention du déni. L’auto-saboteur a besoin d’un nid pour vivre et ça s’appelle le déni. «Le déni c’est une stratégie de défense qui mène à éviter, sinon à nier une réalité. C’est le fait de refuser, de façon inconsciente, une partie ou l’ensemble d’une réalité. C’est le refus de reconnaître une réalité extérieure qui risque de traumatiser». Le déni est le fait de refuser ou de s’accorder ce que l’on veut vivre. Il est plus facile d’accepter une vie «plate» dans le déni en se disant que c’est cela la vie plutôt que de prendre le risque de s’accorder une vie nouvelle selon nos aspirations.

Dans ma pratique du Droit où j’ai agi comme avocat dans plus d’une centaine de divorces; c’est là que j’ai pris connaissance du déni dans les couples. Sauf exception bien attendu, pour vivre plus de trente ans dans un couple, le déni est ce qui permet souvent aux gens de pouvoir vivre si longtemps ensemble; on ne discute jamais de la réalité émotive, on dort ensemble comme deux bibelots côte à côte; on accepte de vivre à côté de l’autre comme si la vie de couple était une fatalité; changer cela, ça prend une volonté et une prise de décision. L’auto-saboteur vit dans ce monde du déni de la réalité.

Dans un couple qui vit dans le déni, il arrive qu’on retrouve la femme auto-saboteuse vivre avec un conjoint manipulateur qui ne connaît rien, mais connaît tout. Ça sécurise l’auto-saboteuse que le conjoint ait toujours une réponse à tout, que la réponse soit bonne ou pas.

De nos jours, l’auto-saboteur a découvert un nouveau mode pour saboter une relation. Au lieu de faire des efforts pour communiquer verbalement ses états d’âme, expliquer verbalement ses aspirations et ses décisions et en discuter avec la personne aimée, il préfère les «textos». Tous les soirs, l’auto saboteur et la personne aimée se «textent» des heures de temps, mais ne prennent pas le temps de se rencontrer, de se voir, pour communiquer et avoir des échanges verbalement ; l’un des deux vit en couple dans le déni et «les textos» sont plus faciles pour lui, car il n’a pas à faire face à la réalité.

Dans nos relations avec les autres et dans nos relations amoureuses, la bonne vieille méthode de communication entre deux personnes demeure et demeurera toujours le face à face, ce que craint ou fuit l’auto-saboteur.

 

Me Laurent Pelletier

Avocat à la retraite

laurent@laupel.com