La déontologie policière prendra deux mois

Le Comité de déontologie policière du Québec prendra en délibéré la cause des policiers Nicolas Marcoux et Jean-Philippe Bellerose pour une période allant jusqu’à deux mois, et ce, après avoir entendu huit témoins, la semaine dernière à Sherbrooke.

Me Myriam Lachance défendait la cause des policiers Marcoux (Régie de police Memphrémagog) et Bellerose (anciennement de la Régie, aujourd’hui policier à Sherbrooke). Elle a fermement présenté un contre-interrogatoire serré contre le plaignant Stéphane Cliche, qui protestait contre le fait d’avoir été violenté par les deux policiers lors d’une simple plainte de bruit à son domicile, en mai 2004.

Me Lachance a insisté sur les nombreuses contradictions du témoignage de M. Cliche comparativement à sa déclaration de l’époque.

Deux autres témoins de la scène, également interrogés par Me Lachance, n’avaient pas non plus la même version des faits.

M. Cliche s’est longuement défendu d’avoir trop résisté ou provoqué physiquement les policiers. «J’ai dit farme ta yeule et sacré un peu, mais ça ne justifie pas les 20 coups pieds, de poings et de genoux à un gars menotté. J’ai perdu conscience après une application de deux doigts à la gorge. J’en suis sorti avec des bleus et des rougeurs sur le corps, en plus d’une profonde cicatrice derrière l’oreille. J’ai eu des dents cassées et une fracture au poignet gauche m’a fait perdre mon travail. Je me suis protégé, pas débattu, car on me faisait mal. On m’a même laissé toute la nuit au cachot, sans vêtement, ni couverture», résume Stéphane Cliche.

Trois autres policiers ont ajouté leur version à celle des policiers Marcoux et Bellerose, disant qu’ils avaient rarement vu un gars se débattre autant que M. Cliche lors de son arrestation.

Me Lachance est convaincue que M. Cliche est l’architecte de son propre malheur parce qu’il a résisté à son arrestation de façon très agressive, voire hystérique. «Même un solide gaillard comme le policier Marcoux a eu besoin d’aide pour maîtriser un plus petit homme que lui», précise-t-elle.

Me Lachance explique la blessure au poignet par une agitation excessive d’un individu menotté. Elle croit sincèrement que ses clients seront entièrement blanchis car la loi permet l’utilisation d’une force nécessaire, ainsi que l’utilisation de techniques enseignées à Nicolet, pour maîtriser un individu.

Quant au séjour au cachot presque nu, Me Lachance est convaincu que plus de calme de la part de M. Cliche lui aurait permis de sortir plus rapidement.

Me Lachance a aussi rappelé que M. Cliche a été reconnu coupable d’entrave au travail des policiers au terme de la même séquence des événements. Elle en a également profité pour énumérer la liste des antécédents judiciaires en matière de violence et de stupéfiants de M. Cliche, dont des voix de fait contre des policiers, malgré ses 24 ans.

La citation du Comité de déontologie policière du Québec indiquait que les agents Bellerose et Marcoux auraient abusé de leur autorité en ayant recours à une force plus grande que celle nécessaire lors de l’arrestation de M. Cliche.

Elle mentionnait également que les deux agents, alors qu’ils étaient dans l’exercice de leurs fonctions, ont été négligents ou insouciants à l’égard de la santé ou de la sécurité du plaignant alors qu’il était détenu et placé sous leur garde.