La CSN dénonce le transfert de 93 postes vers les cliniques

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) dénonce le transfert de ressources professionnelles des CLSC vers les cliniques médicales devenues Groupe de médecine familiale (GMF).

Les syndicats craignent un affaiblissement des CSLC, surtout avec le transfert de 93 postes aux quatre coins de la région estrienne, même s’il ne s’agit pas de coupures de postes.

Selon Annick Métivier, présidente du Syndicat du personnel infirmier, professionnel et technicien du Centre de santé et de services sociaux de Memphrémagog (CSSSM), qui représente environ 500 employés, ce sont principalement des infirmières et des travailleurs sociaux, ainsi que quelques psychologues, qui seront déplacés dans les prochaines semaines au «service des médecins, plutôt qu’au service à la population».

«On parle réellement d’un service réduit, car on va donner à ceux qui ont un médecin de famille, tout en enlevant aux personnes les plus vulnérables qui ne sont pas inscrites dans un GMF. On va ainsi allonger la liste d’attente au CLSC», s’indigne Mme Métivier, elle-même travailleuse sociale.

La CSN réclame un moratoire aussi parce que les ressources transférées, au GMF Memphré et du Lac à Magog par exemple, ne seront pas remplacées dans les CLSC. Elle ne sait pas quel service sera touché, ni comment s’effectuera la transition au niveau administratif. Selon les dirigeants syndicaux, la transition commencera en octobre, puis jusqu’en janvier dans Memphrémagog.

Mme Métivier rappelle la mission première des CSLC qui consistait à devenir un service de proximité, de première ligne, un objectif opposé à la réforme Barrette, indique-t-elle.

«Ça va créer un système à deux vitesses. Il s’agit d’un pas de plus vers la privatisation des services. Tant mieux pour ceux qui ont un médecin de famille dans un GMF, mas les autres vont attendre des 2-3 ans pour un service en CLSC. C’est catastrophique!», peste Denis Beaudin, de la CSN.

La centrale syndicale signale que la pilule serait plus facile à avaler si ces ressources étaient remplacées, comme par le passé.

Josée-Anne Morin, secrétaire du Syndicat du personnel de soins et de soutien du CSSSM, partage également  l’inquiétude similaire de ses quelque 500 membres à la suite de la vaste fusion du CIUSSS de l’Estrie – CHUS, il y a 18 mois.

Pour ce second syndicat, s’ajoute une crainte de coupures de postes en raison de transfert de travail vers des organismes communautaires, donc vers des employés moins formés que les employés actuels du CSSSM.

Pour améliorer l’accès à un médecin de famille

À l’inverse, Sylvie Vallières, conseillère-cadre aux communications au CIUSSS de l’Estrie – CHUS, l’objectif de ces transferts de ressources répond à un besoin maintes fois exprimé par la population, soit avoir un médecin de famille.

«Le transfert des ressources des CLSC dans les GMF a pour but de permettre aux médecins d’inscrire davantage de patients afin d’atteindre la cible fixée par le ministère de la Santé, soit augmenter le nombre de patients inscrits dans les GMF à 85%, rétorque-t-elle. Actuellement, nous sommes à 79,1% en Estrie, ça va quand même bien! L’augmentation du nombre de personnes qui auront un médecin de famille devrait aussi aider à diminuer l’achalandage dans les urgences, ce qui est plus que souhaitable.»

Fusion des laboratoires

La centralisation des laboratoires médicaux inquiète également à Magog. Selon la CSN, avec une fusion des laboratoires (dossier Optilab), le gouvernement augmentera le temps de transport et la manutention des échantillons, ce qui augmentera les risques d’erreurs et de perte. Au CSSSM, environ 30 % des échantillons seront déplacés vers Sherbrooke.

«Ces transferts pourraient avoir des conséquences dévastatrices sur les personnes qui attendent des résultats de tests pour être traitées. Devront-elles retourner à l’hôpital ou aller à Sherbrooke pour reprendre leurs tests», s’inquiète M. Beaudin.