La boutique Manon & Cie ferme ses portes

Après Meubles Gévry, le centre-ville de Magog perd une autre de ses plus anciennes adresses alors que la boutique de vêtements Manon & Cie fermera ses portes cet automne.

Une page d’histoire que la propriétaire Manon Bertrand tournera lorsqu’elle verrouillera sa boutique à clé pour la toute dernière fois après 35 ans d’existence. À vrai dire, elle a mûri cette décision il y a près d’un an lorsqu’elle a réalisé que la passion qui l’a toujours animée était moins présente qu’à l’habitude. «Je suis une personne qui s’est investie à fond dans son travail, affirme-t-elle. Des horaires de travail de sept jours par semaine, ça fait partie de ma vie. Ce qui a fait en sorte que je n’ai pas vu les années passées. Avant, je n’en étais pas consciente, mais aujourd’hui, je réalise qu’il me reste de moins en moins de temps pour profiter de la vie et de prendre soin de moi, surtout pendant que j’ai encore la santé.»

Pourtant, lorsque Mme Bertrand a fait l’acquisition de la boutique Pis-Not à l’angle des rues Sherbrooke et Principale Est à l’âge de 19 ans, elle prévoyait y passer tout au plus cinq ans. Finalement, elle aura tenu ce projet à bout de bras durant une douzaine d’années avant de déménager au cœur du centre-ville, en 1989, sous la nouvelle bannière «Manon & Cie». Une aventure remplie de rebondissements dans laquelle la mère de Manon, Yolande, s’est également investie pendant 30 années jusqu’à son décès en 2008. Les deux ont fait la paire en bâtissant leur réputation sur l’excellence de leur service à la clientèle. C’est d’ailleurs de ses clients que Manon Bertrand aura le plus de difficulté à se séparer.

«J’ai été excessivement privilégiée, car j’ai une clientèle qui m’a toujours été très fidèle. Encore aujourd’hui, il y a environ 70 % de mes clients qui proviennent de la Montérégie et de l’extérieur. Ce sera difficile de ne plus les voir et de ne plus pouvoir les servir. Ils ont été tout pour moi et c’est grâce à eux que j’ai pu faire vivre ma famille. Je vais avoir plusieurs deuils à faire», dit-elle non sans chagrin.

Reste que le plus important, c’est que la propriétaire quittera avec le sentiment du devoir accompli et avec le réel espoir que le centre-ville regagnera un jour ses lettres de noblesse. Elle est d’ailleurs persuadée qu’au fil des prochaines années, les petits commerces gagneront de plus en plus en popularité au détriment des grandes surfaces.

«Il y a déjà une belle qualité de commerces dans notre centre-ville. Il faut continuer dans la même voie en développant des créneaux distincts. Ça ne sert à rien d’avoir trois adresses qui offrent la même chose sur la même rue. De plus, les clients doivent être capables de s’y rendre et cela passe par plus d’espaces de stationnement. Il ne faut pas oublier que la rue Principale, c’est l’âme de notre ville. Les élus et la population se doivent de la soutenir si on veut créer un sentiment d’appartenance nécessaire à son développement», conclut Mme Bertrand.