«Je vis un véritable calvaire»

Dans un monde où la technologie domine pratiquement tous les aspects de la vie quotidienne, de plus en plus d’informations transigent via le sans fil. La plupart des gens font fi des millions d’ondes qui les bombardent chaque jour. La Magogoise Chantal Blais n’est pas l’une de ces personnes, elle qui souffre d’électrosensibilité. «Je vis un véritable calvaire. Je dirais même que je suis en mode survie», a-t-elle lancé pour décrire sa situation.

La quinquagénaire s’est rendu compte de sa condition il y a environ trois ans. «J’avais assisté à des conférences sur les méfaits des cellulaires et de leurs ondes. J’étais assise dans l’entrée de l’hôtel en attendant le début de l’activité et plusieurs personnes dans l’entrée ont ouvert leur cellulaire pour téléphoner. Ç’a débuté par une sensation de fourmis qui marchent sur la tête. Ensuite, j’ai eu de vives douleurs à la tête, une sensation de brûlement sur le bout des oreilles. Le lendemain, les mêmes douleurs sont revenues après que quelqu’un ait démarré un micro-ondes. Ça m’a vraiment surprise que tout ça ait été occasionnée par ces ondes.»

Craignant pour sa santé, Chantal Blais s’est rendue à l’urgence. «On m’a prescrit des antidépresseurs et un rendez-vous chez le psychologue. On m’a traité comme si j’étais folle», raconte-t-elle, visiblement indignée du diagnostic.

En faisant quelques recherches en ligne, elle apprivoise sa condition, sur laquelle elle peut maintenant y apposer un nom, l’électrosensibilité. «J’ai appris que je n’étais pas seule à vivre ça. Lorsque je suis en présence d’ondes, je ressens des maux de tête, j’ai la nausée, des vertiges. Je tremble et j’ai de la difficulté à respirer.»

Pour vivre à l’abri des ondes, la Magogoise a pris de nombreuses mesures, parfois drastiques. Tout d’abord, aucune technologie sans fil n’est allouée en sa demeure. Certains plafonds de sa résidence sont couverts d’un moustiquaire métallisé pour empêcher les ondes voisines d’y pénétrer. Même chose pour son lit. «J’utilise des couvertures de survie», rajoute-t-elle.

Sa condition et ses mesures ont éloigné plusieurs amis. «Certains me prennent probablement pour une folle. Et ça, ça fait aussi mal que les douleurs que je ressens physiquement.»

Lorsqu’elle doit se déplacer pour faire l’épicerie ou pour aller au restaurant, les ondes, bien évidemment omniprésentes, la bombardent. «Ça prend plusieurs heures, et même parfois des jours avant que je ne m’en remette», explique celle qui travaille dans un centre de jardin.

Chantal Blais a décidé de sortir de l’ombre afin de démystifier sa condition. «Je veux que les gens soient au courant de ce handicap. Si ça peut aider dans la lutte contre les compteurs intelligents d’Hydro-Québec, tant mieux», note celle qui a cadenassé son compteur, à titre de protestation.