«Je suis très à l’aise avec mon fonds de pension»

Le premier vice-président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et maire de Sherbrooke, Bernard Sévigny, vit très bien avec son propre fonds de pension, même si les syndicats des employés municipaux jugent trop généreux le Régime de retraite des élus municipaux.

M. Sévigny ne partage pas l’avis de Louise Harel et de la Coalition pour la libre négociation (voir autre article), qui favorisent un partage des cotisations à parts égales plutôt que la proportion actuelle de 23%/77 %.

«Il s’agit de deux mondes bien distincts. D’une part, nous avons des élus pas toujours bien payés n’ayant aucune garantie ni sécurité d’emploi et qui se trouvent sur des sièges éjectables tous les quatre ans. D’autre part, nous avons des employés syndiqués bénéficiant d’une grande sécurité d’emploi, d’un bon salaire et d’une carrière de 30 ans et plus», lance-t-il pour expliquer la démarcation entre les deux formes de régimes de retraite.

M. Sévigny ne croit pas nécessaire, non plus, de prêcher par l’exemple en réduisant les cotisations de la Ville au Régime de retraite des élus. Il prône la prudence avant de trancher, surtout que plusieurs élus abattent une tâche colossale pour une maigre paie.

De plus, le déficit actuariel de 7 M $, selon lui, est en chute libre depuis quelques années. «Il ne coûte rien aux contribuables, contrairement aux fonds de pension des employés municipaux qui nous coûtent 10 M $ annuellement à Sherbrooke pour renflouer le déficit», signale-t-il.

Bernard Sévigny propose tout de même la création d’un comité de travail indépendant pour analyser, réviser et moderniser au besoin l’actuel Régime de retraite des élus municipaux.

Hamm, Lamoureux et Dupuis confortables

La mairesse de Magog qui siège également sur l’exécutif de l’UMQ, Vicki May Hamm, partage l’opinion de M. Sévigny. Mme Hamm rappelle qu’un élu peut difficilement décrocher le gros lot à la retraite avec les salaires accordés aujourd’hui aux politiciens. Même si elle n’est pas familière avec tous les critères de son régime de retraire, elle ne se gênera pas pour mettre les chiffres sur la table pour mieux comparer avec celui des employés municipaux.

Vicki May Hamm rappelle qu’il existe des raisons pour expliquer le ratio 23 %/77%, comme l’absence de sécurité d’emploi, d’assurances collectives, de congés parentaux et de chômage si un élu, dans ce dernier cas, perd son emploi. «Il y a sûrement eu des gens qui se sont battus dans le passé pour obtenir l’actuel fonds de pension», lance-t-elle.

Le maire de Coaticook, Bertrand Lamoureux, se dit «à l’aise» avec cette situation. «Ça fait partie de nos conditions de travail, indique-t-il. Ce sont des avantages, oui, mais il ne faut pas oublier que nous sommes pratiquement en fonction 24 heures sur 24. Maire à temps partiel, ça n’existe pas.»

M. Lamoureux rappelle qu’en 1987, il avait refusé d’investir dans un régime de retraite municipal. «C’était lors de mon entrée au conseil et, à l’époque, c’était facultatif. Je l’ai fait par question de principes, car j’avais mon entreprise et je n’en avais pas besoin», souligne le premier magistrat.

Notons également que Coaticook a été l’une des premières municipalités au Québec à s’entendre avec ses employés municipaux concernant leur régime de retraite. Une entente avait été conclue l’an dernier.

Du côté de Waterville, on entend sensiblement le même son de cloche. La mairesse Nathalie Dupuis croit que le montant versé par la Municipalité est plutôt «symbolique», vu le salaire gagné par les élus. «Il faut rappeler que c’est une mesure gouvernementale et que ça se joue plus haut qu’au niveau municipal», soutient-elle, tout en n’éprouvant aucun malaise face à la situation.