Je profite et… je me fais saisir mon sirop d’érable. Scandale?

La saison des sucres 2013 se termine sur une drôle de note dans les médias à la suite des saisies chez trois producteurs acéricoles de la région.

Bon nombre d`allégations, souvent non fondées et fausses, circulent. Une chose demeure : si une saisie avant jugement a été faite, c’est que les contrevenants s’apprêtaient de nouveau à vendre leur produit en dehors des canaux prévus…

Pourtant, si on fait référence au Code de la route, quand on roule à plus de 160 km/h sur une autoroute, il y a de fortes chances de recevoir une contravention! Eh bien, c’est exactement ce qui s’est passé dans les cas de saisie de sirop : ces gens connaissaient les limites, mais ne les respectaient pas, et ce, depuis longtemps. La majorité des acériculteurs – qui se sont collectivement voté des règles de mise en marché – ont souhaité ces saisies. C’est une question d’équité envers la collectivité. Pourquoi certains seraient au-dessus des règlements?

Il faut savoir qu’il y a 10 ans, les acériculteurs étaient parfois «victimes» de Dame nature… le prix variait de façon importante selon les saisons et les récoltes. Dans un contexte de surproduction, les producteurs étaient contraints de recevoir un prix ayant diminué dramatiquement par rapport à l’année précédente.

En cas de petite récolte, les prix montaient en flèche, rendant le sirop très cher et difficile à exporter à bon compte. Sans réserve stratégique, il est impossible de garantir un approvisionnement constant et de qualité aux différents transformateurs de sirop d’érable. Cette situation a motivé les acériculteurs à se regrouper au sein du système de mise en marché collective de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec (FPAQ). Pour la production de 2013, les producteurs recevront un prix stable et équitable pour tous. Et les surplus probables seront mis de côté dans la Réserve afin de pallier les mauvaises récoltes à venir (oui, il y en aura !).

Les producteurs pris en défaut veulent profiter des bénéfices de l’action collective en contournant la FPAQ. Ce sont 13 500 acériculteurs et acéricultrices qui, collectivement, investissent dans la recherche et le développement de même que dans la publicité des multiples vertus du sirop d’érable, et qui travaillent à mettre en marché un produit de qualité. Ces investissements ont eu pour effet d’accroître la demande de sirop d’érable et, ainsi de poursuivre le développement des marchés tout en stabilisant les fluctuations importantes du prix obtenu par les producteurs. En se donnant des règles communes, les producteurs d’ici réussissent à se démarquer de leurs voisins américains et des autres provinces canadiennes. Le Québec occupe plus de 70 % du marché mondial de production de sirop d’érable et le nombre d’entailles dans la province ne cesse d’augmenter (il a triplé depuis 1980).

Les saisies ne sont que le reflet de la primauté de l’individu sur la collectivité. Je ne paie rien et je profite de tout! Génial… Si on suit la logique de ces contrevenants, on pourrait éviter de payer impôts, permis de conduire et taxes municipales?

 

Syndicat des producteurs acéricoles de l’Estrie