«Je me sens comme chez moi»

PEINTURE. Le peintre Dragan était au Centre d’arts visuels de Magog le 10 septembre dernier afin de prendre part à son vernissage, exposant pour l’occasion 29 toiles de tous formats. «Quand je viens au Québec, je me sens comme chez moi», entame le peintre.

Par François Bouchard

Dragan aime bien la région et expose en Estrie depuis 1984. Il a également gagné plusieurs concours du vote du public ainsi que des premiers prix dans la région, dont à la Galerie Jeannine Blais de North Hatley. «Jeannine Blais, grâce à son pouvoir et à sa publicité, m’a fait devenir populaire au Québec. Elle a tellement fait de pub pour moi que peu importe la galerie dans laquelle j’entre, même à Montréal ou à Québec, tout le monde connait mon nom», s’exclame Dragan.

«C’est rare que l’on reconnaisse un artiste par son seul prénom, mais c’est le cas de Dragan», poursuit Michel Forest, directeur du Centre d’arts visuels.

Dragan affectionne tout particulièrement peindre des scènes de la vie paysanne d’antan. Né à la campagne, à une dizaine de kilomètres de Belgrade, il vient d’une famille dont les parents et les grands-parents avaient toujours vécu à la campagne. «Tous les paysages que je peins, ils existent et sont gravés dans mon cerveau depuis mon enfance, mais je les embellis parfois», explique-t-il.

Mais ses parents ne peignaient pas. «Dans ma famille, on m’a traité comme un fainéant, un bon à rien qui ne fait rien, qui ne barbouille que les toiles», confie-t-il. Les personnes gravitant autour de lui jadis n’étaient pas non plus très réceptives à son art. «Un jour en Serbie, alors que je peignais sur mon balcon chez moi, une voisine est venue me voir et m’a demandé  »Combien tu vends ça? » J’ai dit  »Ton petit veau, il vaut combien? Elle ma répondu  »Mon petit veau est cher, très cher. » Je lui ai alors dit  »Vous avez besoin de deux petits veaux pour acheter ce tableau. » La dame était très contrariée, car elle ne voulait pas du tableau pour enjoliver sa maison, mais seulement pour cacher un trou sur son mur. Je lui ai donc dit de mettre un journal à la place», raconte celui qui peint depuis maintenant plus de 40 ans.

Les toiles du peintre sont à la fois fort colorées et très détaillées, ce qui caractérise ses œuvres. «Chaque pays à sa particularité en art naïf, et chaque peintre à son style personnel et voit l’art naïf de manière personnelle. Dragan est un peintre très raffiné, qui joue dans les détails, et dans ce cas-ci, il fait figure de proue. Il a une maitrise exceptionnelle de cet art», développe M. Forest.

Il est difficile d’exprimer exactement ce qu’est de l’art naïf, car il y a autant de caractéristiques qu’il y a de peintres le pratiquant. Cependant, il semble y avoir quelques traits distinctifs communs. «Les peintres naïfs sont des conteurs. La qualité de leurs peintures les préoccupe moins que l’histoire qu’elles racontent. Ce sont des artistes qui, au lieu de la parole, utilisent des images. Avec un peintre comme Dragan, on a à la fois un conteur, mais aussi un passionné de précision et de qualité, et c’est ce qui distingue ses œuvres. Sur chaque tableau on peut lire une histoire. Certains peintres peuvent aller dans les contes et les légendes et dans des univers imaginés», détaille en terminant le plus justement possible M. Forest.