Épidémie de typhoïde à Mansonville (1923) et son héros E. H. Gillanders

Le docteur Edwin Henry Gillanders est né à Leeds, comté de Mégantic (MRC du Granit), le 27 mars 1892.

Il fait ses études à l’académie de Danville, obtient son B.A. de l’Université McGill, suivi de ses études médicales au même endroit, où il reçoit son diplôme de M.D. C.M. en 1920. Après une année de résidence, il s’installe à Mansonville en 1921, où il exercera son art jusqu’à son décès.

À Montréal, en 1924, il épouse Ethel Harriet McIntosh. Le couple ne laissera pas de descendants. Membre très actif de la franc-maçonnerie, il est honoré par ses pairs tant au Vermont qu’au Québec. Il a été maire de Potton de 1939 à 1942 et président de la Croix-Rouge pendant plusieurs années. Débordant d’activité et d’énergie, il était d’une disponibilité constante, d’une grande compétence et d’une ingéniosité remarquable. Il décède chez lui, le 23 décembre 1965, après 45 années d’exercice.

L’épidémie

Au printemps de 1923, le village de Mansonville était frappé par une épidémie de fièvre typhoïde qui a atteint la moitié de la population du village. Il y a eu 205 cas documentés, avec un taux de mortalité particulièrement élevé. Un premier cas de fièvre typhoïde, diagnostiqué à la fin de février 1923 et traité par le docteur Gillanders, avait récupéré rapidement. Il s’agissait d’un jeune homme, employé du chemin de fer, demeurant sur une ferme à environ deux milles du village.

Le 21 mars l’épidémie frappe. Un malade se présente chez le docteur Gillanders, mais celui-ci, affligé par un autre malaise, ne peut le recevoir et doit être hospitalisé à Montréal. Pendant son absence d’environ une semaine, le docteur A.C. Paintin de Knowlton vient à sa rescousse et conclut qu’il s’agit bien d’une épidémie de fièvre typhoïde. Ce n’est qu’à la fin de l’épidémie que la source de contamination a pu être identifiée. L’eau, provenant de la ferme où demeurait ce jeune homme, drainait dans un petit ruisseau qui alimentait en partie le réservoir d’eau potable du village.

L’épidémie a rapidement frappé l’ensemble du village avec des cas disséminés à travers la campagne, surtout des enfants d’âge scolaire. Elle était une variété particulièrement virulente, caractérisée par de violents maux de tête, une température élevée, des douleurs généralisées, des hémorragies digestives et un état de prostration profonde, voire jusqu’au délire. Comme des familles complètes étaient frappées par la maladie, des soins à domicile étaient devenus impossibles.

Le 17 avril, un hôpital d’urgence a été organisé dans l’école du village pour regrouper les personnes les plus atteintes et rendre les soins plus efficaces. Grâce à Gillanders, avec la collaboration de son collègue Paintin, des infirmières et d’un étudiant en médecine de l’Université McGill, trente-six malades y furent traités, parmi lesquels deux sont décédés. Le docteur Paintin a pu retourner chez lui le 19 mai seulement, et l’hôpital fermer ses portes le 27 mai.

Au total, il y a eu 205 personnes atteintes de la maladie, dont 16 sont décédées, pour un taux de mortalité de 7,8%. Plus de 50% (105/205) des malades étaient âgés entre 1 an et 20 ans. Aussi, 13 étaient âgées de plus de 50 ans. Les cinq victimes qui étaient enceintes ont perdu leur enfant prématurément. Parmi les décès, une jeune victime mérite d’être mentionnée. Il s’agissait d’une jeune fille d’à peine 20 ans, Mildred Mason, originaire de Dunham. Elle venait de terminer ses études à l’école normale, et en était à sa première année d’enseignement à Mansonville, où elle contracte la maladie et décède le 5 avril.

Ces épidémies de maladies infectieuses étaient relativement fréquentes à l’époque, mais il était rare que la moitié de la population d’un village en soit atteinte. On était avant l’ère des antibiotiques, la vaccination était encore à ses débuts et les traitements consistaient surtout à contrôler les symptômes. Que de chemin parcouru et de progrès réalisé depuis ces dernières décennies!

 

Une chronique signée:

Sandra Jewett, présidente Association du Patrimoine de Potton (APPHA)

Maurice Langlois