Dr Gaétan Barrette dénonce ce «commerce de l’espoir»

SANTÉ. Le ministre de la Santé, Dr Gaétan Barrette, déplore le fait que des patients québécois atteints de cancer se tournent vers l’Allemagne pour y subir des traitements de chimio-embolisation alors que ceux-ci peuvent être prodigués ici et gratuitement au Québec.

Par Jean-François Fecteau

«Les gens doivent comprendre qu’il ne s’agit pas de nouvelles méthodes. Ce sont des procédures faites de façon commerciale en Allemagne. Ce ne sont pas des innovations. J’ai passé ma carrière à faire des chimio-embolisations pour des tumeurs», a souligné Dr Barrette lors de son passage à l’hôpital de Saint-Georges le 26 août dernier.

«Le problème de ces traitements, ce n’est pas toujours indiqué. Au Québec, nous sommes obligés de prodiguer des soins selon des standards de pratique. Le médecin en Allemagne, il n’en a pas publié de nouvelles études là-dessus. Pour moi, c’est faire le commerce de l’espoir. Les gens doivent être informés pourquoi ils paient. S’ils sont prêts à avoir ce traitement, ils doivent avoir cette discussion avec leur médecin traitant», précise le ministre de la Santé.

Une émotion sociale

Ayant complété des études postdoctorales en radiologie vasculaire à San Diego, Dr Barrette a pris connaissance des protocoles utilisés par le médecin allemand, Thomas J. Vogl. Cet homme a traité plusieurs Québécois dont la Magogoise Josée Maillé (voir autre texte). «Je considère qu’il s’est produit une émotion sociale pour un médicament qui était gratuit au Québec alors qu’initialement c’était perçu non disponible. Je ne recommande à personne de recevoir ce traitement en Allemagne sans en avoir discuté ici. Cette technique n’est pas nouvelle, je l’ai pratiqué pendant 25 ans», persiste M. Barrette.

Il recommande aux patients atteints de cancer de prendre en considération la littérature existante avec leur médecin avant de se lancer dans une telle aventure. «Avant de payer de l’argent et aller en Allemagne pour des traitements qui sont les mêmes qu’ici, mais donné par un véhicule différent, il faut parler à son médecin traitant, réitère-t-il. Cela existe à Québec dans quatre des cinq grands hôpitaux de la province. Nous avons les appareils et le personnel ici pour faire cela. En terme de coûts, ce n’est pas le problème.»

«Je vais peut-être être obligé de retourner à la pratique pour soigner le Québec au complet», a lancé à la blague M. Barrette.