Double deuil pour l’Association des étudiants musulmans de l’Université Laval
ATTENTAT. L’Association des étudiants musulmans de l’Université Laval doit composer avec une double tragédie: celle d’avoir perdu des membres de la communauté musulmane et universitaire, mais également celle où l’homme accusé d’avoir commis ces actes odieux était un confrère étudiant.
Le président de l’Association des étudiants musulmans de l’Université Laval, Diarra Lacina, ne cache pas que la douleur est encore vive à la suite de l’attentat commis dimanche dernier au Centre culturel islamique de Québec. «D’une façon ou d’une autre, nous avons été touchés. La communauté universitaire a doublement été touchée en ce sens qu’un éminent professeur de notre université fait partie des victimes.» L’association est d’autant plus inquiète que l’un de leurs formateurs est toujours parmi les blessés aux soins intensifs.
Le fait que le suspect principal de la tuerie soit un membre de la communauté universitaire ébranle les étudiants de l’association. «Évidemment, ça ajoute à l’incompréhension, croit Diarra Lacina. L’université est par excellence un milieu de diversité, de tolérance et de pardon. Entendre que la personne suspectée est l’un des nôtres, forcément que ça ajoute à la douleur.»
Questionné à savoir s’il pardonnait au présumé tireur de l’attentat, Diarra Lacina a pris le temps de réfléchir avant de se prononcer. «Le pardon, c’est évidemment une vertu enseignée par l’Islam, rappelle-t-il. La tolérance, c’est la vertu que nous enseignons à nos membres et, bien entendu, nous pardonnons à Alexandre Bissonnette.»
«On ne peut pas jeter la faute sur la société québécoise qui reste une société ouverte, tolérante et qui n’a pas la culture de la violente, explique M. Lacina. Le soutien que nous avons vu nous a réconfortés à un tel point que l’on peut dire sans crainte de se tromper que rien ne changera.»
L’étudiant assure même se sentir chanceux d’étudier dans un milieu comme l’Université Laval. «Ici, on a la possibilité de faire nos prières, nos activités culturelles sans que cela ne pose problème. Dans certains pays d’Europe, ce n’est pas le cas. Pour moi, c’est un avantage.»
Le président a tenu à rappeler que toutes les activités de l’association allaient être maintenues comme à leur habitude, en dépit des événements qui ont frappé la communauté musulmane de Québec. «Il ne faut pas se laisser intimider, mais il faut agir avec discernement.» Il convie également les citoyens de Québec à un rassemblement au Centre culturel islamique de Québec samedi prochain en début d’après-midi.