Dorloter les femmes enceintes victimes de catastrophes naturelles

Dans un contexte de stress, comme celui vécu par les victimes des inondations au cours des dernières semaines au Québec, il est primordial de «dorloter» les femmes enceintes et de voir le côté «positif» des événements, selon la chercheuse montréalaise Suzanne King.

«On riait souvent des générations d’avant qui dorlotaient les femmes enceintes, et faisaient les choses pour elles. Mais avec mes recherches, je ne ris plus d’elles», a affirmé la professeure de psychiatrie à l’Université McGill et chercheuse affiliée à l’Institut Douglas, Suzanne King, en entrevue téléphonique avec TC Media.

La Dre King étudie la santé et le développement des fœtus exposés au stress causé par des désastres naturels. Elle s’est d’abord intéressée aux bébés de la crise du verglas de 1998 au Québec, puis à ceux de deux inondations (une dans l’Iowa en 2008 et une en Australie en 2011), pour s’attarder présentement aux conséquences de l’incendie de forêt qui a dévasté Fort McMurray, en Alberta, l’an dernier. Le stress causé par des désastres de ce type constitue, selon la chercheuse, un modèle pour n’importe quel type de stress qui peut être vécu par les mères et les fœtus en permettant d’isoler les facteurs objectifs d’une situation.

Dans le cadre du projet Verglas, les recherches de Mme King avaient montré que la crise de 1998 avait eu des effets sur le développement cognitif des enfants et leur niveau d’obésité, entre autres. De plus, il a été démontré que plus la mère a été privée d’électricité, plus son enfant a eu des problèmes d’anxiété et de dépression. Ces enfants vont «très bien», souligne Mme King, qui illustre les différences sur le plan cognitif, par exemple, par «une différence entre un A+ et un A-, ou entre un A et un B+.»

Questionnée sur l’effet que peut produire le stress causé par les inondations des dernières semaines au Québec, elle fait savoir qu’il est important de limiter l’exposition des femmes enceintes au problème, même si elles ne doivent pas s’inquiéter outre mesure. «On veut le mieux pour notre enfant. J’aimerais que les gens protègent les fœtus le plus possible, mais si on porte un message alarmant, ça va les stresser.»

Suzanne King propose ainsi de tenir compte de trois aspects du stress pour mieux affronter les événements. Il s’agit d’abord de limiter l’exposition à la source. Faire en sorte que la femme enceinte séjourne chez la parenté à l’extérieur des secteurs inondés, par exemple, où elle pourra «regarder des vidéos drôles au lieu des nouvelles» et faire des activités qui lui plaisent.

Le deuxième aspect consiste à voir l’épreuve de façon positive. «Après la crise du verglas, on a trouvé que les perceptions des conséquences du désastre étaient partagées de façon égale entre “négative”, “neutre” et “positive”. Les femmes qui ont dit que c’était un événement positif dans leur vie, c’est peut-être parce qu’elles ont vécu dans la famille et, comme il n’y avait pas de télévision, elles ont dû parler aux membres de leur famille, jouer à des jeux, etc.» Considérer la catastrophe comme étant neutre ou positive a ainsi des effets importants sur le cerveau de l’enfant, expose Mme King.

Finalement, il faut atténuer le niveau de détresse en prenant des mesures comme faire de l’exercice, bien manger, bien dormir, méditer et bien s’entourer.

Femmes recherchées
Dans le cadre du projet de recherche sur les répercussions de l’incendie de Fort McMurray, la Dre King cherche des participantes qui ont vécu cet événement.

Les femmes participantes doivent avoir été enceintes à ce moment ou l’être devenues par la suite. Celles qui sont intéressées peuvent se rendre sur le site http://www.mommybabyfmm.ca afin de s’inscrire.